Pour cette première soirée des primeurs de Massy, le moins qu’on l’on puisse dire est que l’éclectisme était de vigueur. C’est d’ailleurs un peu la marque de fabrique de ce festival. Le but étant de présenter de jeunes artistes n’ayant pas plus d’un album au compteur avec néanmoins quelques exceptions pour les artistes qui se sont autoproduits en début de carrière.
L’espace Paul-B est un endroit assez agréable, un petit coté désuet fort charmant façon MJC nichée au beau milieu d’une cité HLM. Les deux salles de concerts y sont à taille humaine. Petit écueil en ce début de soirée : l’ordre de passage des artistes discutable : L et Frànçois & The Atlas Mountains bizarrement programmés en tout début de soirée tandis que Ablaye Thiossane était relayé en fin de soirée alors qu’il aurait mérité d’être programmé bien avant ce qui aurait sans doute permis d’avoir une salle moins clairsemée…
Arrivé en retard, surpris par les bouchons parisiens, j’entre dans la salle alors que L interprète sa dernière chanson « Petite ». Difficile de donner un avis mais, à y voir le public pantois, peu réactif, j’ai la sensation que ses compositions ont encore un peu de mal à prendre leur envol sur scène. Qu’à cela ne tienne, les concerts aux primeurs de Massy s’enchaînent à vitesse grand V. C’est Frànçois et ses Atlas Mountains qui prennent le relais sur la scène d’à coté. Décontractée, sûrement un peu fatiguée par cette tournée qui n’en finit plus, cette bande de potes prend pourtant un plaisir fou à être sur scène. Tout tient en équilibre ici. Les compositions s’enchaînent avec une bonhomie et une énergie communicative. Sémillants, « Les plus beaux »ou « Slow Love » donnent à la soirée des airs de paradis hédonistes tandis qu’avec « piscine » qui bouclera le concert, Frànçois s’amuse grâce à une subtile chorégraphie à faire danser les plus hardis. Il y a du plaisir, de l’inventivité et un savant mélange de pop, de chanson, de rythmes afro-caribéens assez jouissif. Sûrement l’un des disques marquants de l’année.
La variété des genres aux primeurs impliquait une certaine ouverture d’esprit. J’y étais préparé et plein de bonne volonté mais, à l’arrivée de Imany, nouvelle Diva des radios, on est rapidement fatigué par la posture centrale de cette chanteuse : Madame à l’hypercentre de la scène et le reste groupe cantonné aux extrémités. Les chansons y sont sans âme, le jeu de scène inexistant et le contact avec le public des plus consensuel et condescendant. Je vous épargnerai ici certains détails. C’est Melissmell que se devait de réanimer la soirée. Dans un genre direct et bien plus spontanée que sa précédente consœur, Melissmell évolue dans un rock naïf aux compositions pour le moins engagées. Si L s’est nourrie de la poésie lunaire de Barbara, Melissmell elle s’est emparée de la fureur d’un Ferré ou d’un Brel. Le set est efficace, l’interprétation puissante, spécialement le titre « Je me souviens ». Enfin, C’est Ablaye Thiossane qui eu le privilège de terminer cette soirée. Ce fut assez surréaliste de voir ce vieux monsieur se produire au sein d’un festival qui fait la part belle aux nouveaux artistes. Ce fut pour le moins magique de le voir chanter et d’être heureux comme un gamin.
Né en 1936, Ablaye Thiossane à sorti son premier album cette année. Baigné par les chansons de Bourvil, Eddie Constantine, Tino Rossi et par les disques afro-américain de son père, il a livré ce soir-là un concert plein de ferveur et d’entrain. Accompagné par une formation acoustique, Ablaye Thiossane nous a fait faire le tour du monde, grâce à la finesse des guitares bluesy, le saxo sorti tout droit d’un disque des Ethiopiques et les percussions afro-cubaines. L’homme plein d’humilité a certainement fait tourner la tête à bon nombre de festivaliers, moi le premier, grâce à cette voix que le temps a bonifié. Une bonne année ces primeurs ? Assurément !