On aime Le Grand Souk et on vous le dit depuis quelques années ici. L’édition 2016 fut un peu particulière. En effet, l’association organisatrice du festival a été lâchée par la ville de Riberac. Vaille que vaille, avec beaucoup de sueur et de pugnacité, l’association a su trouver d’autres partenaires et un nouveau site sur la commune de La Jemaye.
Après avoir traversé des paysages picaresques, il nous faut traverser une épaisse forêt. On se demande à un moment si l’édition 2016 du festival n’est pas un canular… Campagne paisible, pas de fléchage particulier, pas de réseau…
Tant bien que mal nous arrivons quand même sur le site. Le lac à proximité entouré de pins est le cadre idéal de cette édition. Toujours aussi bien accueilli par l’équipe d’Emilie, il nous tarde d’aller voir Baptiste W. Hamon que nous n’avons pas vu depuis les Francos 2015. Le concert est déjà commencé mais on apprécie beaucoup cette formule à trois guitares magnifiquement épurée. Avec « La ballade Alan Seeger » Baptiste W. Hamon, casquette Chablis sur la tête Of Course, donne un vibrant hommage à son arrière grand-père, mêlant également l’histoire extraordinaire du poète Alan Seeger. On reconnaît Alexandre Bourit à la guitare électrique, chemise grande ouverte, vu récemment avec Michelle Blades ainsi que Noé Beaucardet. On ne loupera pas non plus l’une des plus belles chansons de son album « L’insouciance » à savoir « Joséphine ». Enfin, pour clore son concert Baptiste W. Hamon nous proposa une reprise en français de « Folsom Prison Blues ». Parfait.
Ça s’enchaîne plutôt bien à ce Grand Souk, On a hâte de retrouver Rachid Taha qu’on avait interviewé il y a quelques temps à l’occasion de son très bon dernier album. Le groupe arrive. On imagine Mick Jones à la gratte mais non… On ne perd pas au change puisque c’est Yan Péchin (Bashung, Thiéfaine) qui arrive sur scène avec Rachid Taha, chapeau haut de forme sur la tête, large chemise noire et petites lunettes rondes sur le nez. « Zoom sur Oum » introduira ce concert qui fut tout en puissance. Hakim Hamadouche au luth-mandole fut tout simplement grandiose ce soir-là. Dans un bel équilibre de rock, de raï, nous avons eu droit au brillant « Ecoute-moi camarade », au transcendant « Barra Barra » ainsi qu’une reprise de Bo Diddley avec « Who Do You Love » et de « Rock the Cashbah » des Clash. Un petit effet rouleau compresseur ce concert !
Nous avons à peine le temps de manger une frite et de discuter avec les organisateurs qu’on entend déjà Miossec sur la petite scène. C’est une nouvelle formation (une de plus) qui accompagne Miossec assis sur une chaise. On y trouve un accordéon, un violon et une guitare. Le tout est assez agréable alors que la nuit tombe. « Il va pleuvoir » nous dit le vieux sage breton, au tout début du concert. Vaille que vaille, les titres de « Mammifères » seront majoritaires ce soir-là. « La nuit est bleue », « La vie vole » à grands coups de pizzicato et de solo d’accordéon seront de vrais moments de plaisir. Sur le coté de la scène, on reconnaît Cyril Bilbeaud (Sloy, Zone Libre) entrain d’aider à la technique. Les titres fétiches comme « Le défroqué » à l’accent tzigane ce soir-là, « Je m’en vais », « Brest » et « Que deviens ton poing quand tu tends les doigts » auront ravis les fans de la première heure. On sera passé à travers les gouttes.
Ultime concert de la soirée, nous allons voir Bon voyage organisation sans trop savoir à quoi nous attendre. Du groupe, je sais simplement qu’ils ont collaboré récemment avec les Brigitte sur un spectacle autour des chansons de Balavoine. Le matériel sur la scène est assez impressionnant. Moog et Vocoder sont de sortie. On est agréablement surpris de ce qu’on entend : une pop assez sophistiquée bien foutue, idéale pour cette fin de soirée. Le public, un peu clairsemé, à l’air de beaucoup apprécier. Ça danse de partout. Il faut dire que la chanteuse se donne pas mal et que ça devient vite contagieux. On risque d’en entendre parler très vite à l’écoute de « Love Soup » ou de « Geographie ».
C’est l’heure du retour. On est ravi d’être passé au nouveau Grand Souk, niché dans ce nouveau cadre verdoyant. Nos oreilles repues, on traversera la riante Dordogne pleines de forêts, de champs de tournesols, croisera quelques renards pour rejoindre nos foyers. Certains auront mal aux hanches le lendemain…