MARC ALMOND – Stranger Things
(XIIIbis Records)
En cette fin août où Björk écrase la concurrence de son immense talent et de son imparable plan média (c’est pas Johnny qui chanterait unplugged à la Sainte-Chapelle devant Jospin), il y a fort à craindre que cet énième album de Marc Almond n’aille rejoindre ses précédents dans les bacs à soldes. D’autant que le valeureux petit label français XIII Bis, sur lequel l’ex-Soft Cell sort désormais ses disques, n’a évidemment pas le budget promo d’une multinationale. Et que la pochette, sur laquelle l’interlope désormais quadra affiche un visage recouvert de verroterie, a de quoi faire hésiter (ou carrément fuir). Dommage car ce « Stranger things », à défaut d’être un chef-d’œuvre révolutionnaire, est un disque d’excellente facture. Le Jean Genet de l’electro-pop s’y affirme de nouveau comme un très grand chanteur, héritier à la fois de Bowie (théâtralité), Scott Walker (hiératisme) et de crooners un peu ringues à la Gene Pitney (chantilly). Accompagné de musiciens majoritairement islandais – dont la choriste Sara Gudmundsdottir, qui porte donc le même patronyme que Björk : serait-ce sa sœur ? -, Almond évolue avec grâce entre synthés, programmations et orchestres de cordes. Sans être franchement minimaliste, la production ne sombre jamais dans la grandiloquence kitsch et met en relief des mélodies souvent inspirées (« Glorious », « Under your wing », « Lights »). Curieusement, les meilleurs morceaux rappellent le meilleur de la variété-pop-soul des années 80 : les Blow Monkeys, le Prefab Sprout de « Langley Park » ou quelques disques mésestimés d’Aztec Camera. La préhistoire, quoi. Et tant qu’à être franchement « out », Marc Almond évoque dans « Moonbathe skin » « une chanson de Juliette Gréco » (en français dans le texte), alors qu’il est quand même bien plus hip en ce moment de se dire fan de la Fontaine (Brigitte, bien sûr). Plutôt que de capitaliser sur l’actuel revival new-wave, l’interprète du collant « Tainted love » a préféré sortir un album gentiment suranné mais jamais passéiste. C’est tout à son honneur.
Vincent
Glorious
Born to cry
Come out
Under your wing
Lights
Tantalise me
Moonbathe skin
Dancer
When it’s your time
End in tears
Love in a time of science
Glorious (Reprise)