ESG – Step off
(Soul Jazz / Discograph)
On ne remerciera jamais assez Soul Jazz d’avoir réédité l’an passé "A South Bronx History", le premier album des chipies d’ESG agrémenté de versions rares et faces B de maxis. Entre un passage éclair sur Factory et quelques comètes sur 99 Records aux débuts des 80’s, les new-yorkaises étaient tombées dans l’oubli, un trou béant d’où bon nombre de ‘groupes maudits des eighties’ semblent vouloir s’extirper ces temps-ci. Il y a quelques années, Mo’Wax avait replacé Liquid Liquid, les anciens compagnons d’ESG, sur le devant de la scène. Points communs entre ces deux formations issues de l’écurie 99 Records, une même chaleur rythmique, un désir identique de faire bouger les corps. Leur recette : percussions africaines, batterie précise et claquante et une basse ronde en guise de fil conducteur.
Ce deuxième album d’ESG qui paraît près de vingt ans après le premier garde cette chaleur inimitable de leurs débuts. Le dépouillement de l’orchestration (tout juste un petit riff de guitare vient de temps à autre ponctuer le propos rythmique) contraste avec la richesse de leur musique.
Il ne faut pourtant pas s’y méprendre : si cette soul urbaine et minimale donne à l’auditeur l’envie de ‘groover’, on y décèle une certaine froideur, un petit goût mélancolique qui nous renvoie sans détours aux années No-Wave. Et ce spleen n’est pas seulement perceptible dans les incantations de Renée, la voix et l’âme d’ESG. C’est tout le son qui pleure.
Pete Reilly, une des têtes pensantes de Soul Jazz, a produit ces neuf morceaux et l’on ne peut qu’être soufflé par l’audace de son travail. Lui qui ne devait avoir qu’une dizaine d’années lors de la parution du premier opus des filles a retrouvé leur son originel. Avec un tel mécène, ESG ne pourrait attendre encore deux décennies pour livrer leur troisième album. Cela dit, être ‘meilleur espoir féminin’ tous les vingt ans, ça conserve.
Be Good To Me
Talk It
It’s Not Me
Six Pack
Step Off
Sensual Intentions
My Street