ERLEND ØYE – Unrest
(Source / Virgin)
Erlend Øye est la moitié binoclarde des Kings of Convenience, dont l’album "Quiet is the New Loud" avait été élu meilleur album de l’année 2001 ici-même. Respect, donc : en deux temps trois mouvements, les Norvégiens ont montré qu’ils étaient capables du meilleur quand ils étaient seuls avec leurs guitares acoustiques et leurs voix bucoliques, et du meilleur encore lors de leurs incursions dans le monde électronique (quand leur délicate pop passait à la moulinette électro sur "Versus" ou quand ils collaboraient avec Röyksopp). Avec un tel savoir-faire, un tel génie de la mélodie, une telle ouverture d’esprit, une telle créativité, on était confiant et impatient à l’idée de découvrir le vrai faux deuxième album des Kings of Convenience, porté par le seul Erlend Øye. Et pourtant…
Erlend Øye a voyagé un peu partout dans le monde et s’est fait des copains à Berlin, à New York, à Rome, à Rennes… On l’imagine composer ses morceaux à la va-vite dans la salle d’embarquement d’un aéroport, pondre les paroles sur la nappe d’une trattoria après un plat de pâtes trop grasses, envoyer par e-mail le fruit de son inspiration embrumée à ses correspondants férus d’électro et de remixes, recevoir par e-mail des propositions plus ou moins honnêtes… Et au final, on se rend compte que la mondialisation est une réalité : à Rome comme à Shelton, Connecticut, on utilise les mêmes ordinateurs, on met des beats parce qu’on est payé pour ça, on reste attaché au synthé années 80 parce que ça fait kitsch… C’est bien la même soupe qui est servie partout, sans saveur particulièrement remarquable. On est donc à des années-lumière des délices de The Notwist ou des somptueux mets électro-pop qui nous sont régulièrement servis par les protégés de Monsieur Morr.
A la rigueur, on pourrait sauver une poignée de morceaux qui, finalement, sortent un peu du lot, soit parce que la mélodie, plus accrocheuse que sur les autres titres, tient vraiment la route ("A While ago and Recently") soit grâce au travail du musicien invité (Prefuse 73 sur "Every Party…", Schneider TM sur "Like Gold"). Mais j’ai bien précisé "à la rigueur"…
Stéphane
Ghost Trains (Morgan Geist)
Sheltered Life (Soviet)
Sudden Rush (Kompis)
Prego Amore (Jolly Music)
Every Party Has A Winner and a Loser (Prefuse 73)
The Athlete (Minizza)
Symptom of Disease (Mr. Velcro Fastener)
The Talk (Björn Torkse)
A While Ago and Recently (Timo & Villunki)
Like Gold (Schneider TM)