BED – Spacebox
(Ici, d’ailleurs / Labels)
Séance de rattrapage de rigueur pour le deuxième opus de Benoît Burello sorti il y a un bon paquet de semaines. La suite de "The Newton Plum" (2001) s’avère en effet sacrément passionnante : comme le souligne le compositeur dans ses interviews, il s’agit ici d’envelopper l’auditeur dans un cocon sonore tissé par le piano ou la guitare à partir d’un chapelet de notes ténues et répétitives, qui vont permettre au morceau de se déployer en élargissant son champ, en redéfinissant progressivement l’espace qu’il habite ; l’intérieur du cocon, de la cellule, de la chambre (rayer la mention inutile), bref cette étrange aire de jeux qu’est le "spacebox" s’agrandit à mesure que la mélodie poursuit son investigation, étire les silences, respire sur une même note ; les instruments (piano, guitare, basse, batterie), postés comme aux quatre coins de la pièce, se répondent et s’accompagnent à distance, laissant à l’auditeur la liberté de vivre comme un songe éveillé, bercé par la voix douce et chaude de Burello. Parfois, un saxophone, une clarinette viennent se poser comme une caresse, un souffle apaisant et humide. Ramener un tel projet à quelques références répertoriées et évidentes est tentant et peu difficile, d’autant moins que le principal officiant du projet se répand lui-même en hommages divers : Paul Bley pour le travail du silence, Gil Evans pour les vents, Robert Fripp pour le jeu des répétitions, Sonic Youth pour le traitement des guitares, et j’en passe. Si un tel éclectisme a de quoi rassurer sur le bon goût du jeune homme, il trahit aussi quelque peu la cohérence de la forme, ce "quelque chose d’organique", d’unifié et de suffisant qui permet à son univers musical de se tenir tout seul, loin des références, aux confins des traditions, entre jazz aérien, pop ornementale et rock épuré. Je pourrais renchérir d’audace et vous suggérer que, dans votre discothèque, la place vacante entre Nick Drake et Mark Hollis a enfin trouvé preneur sous la forme d’une charmante "spacebox" rouge, mais il va sans dire que cette merveille se passe très bien de tout commentaire, que le temps et le bouche à oreille travaillent pour elle…Enfin bon, dans l’incertitude et au cas où, comme moi, vous avez failli ne pas écouter ce disque, je vous le dis amicalement, n’attendez plus pour le faire.
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