BUCK 65 – Vertex
(Four Ways to Rock)
Blanc, canadien et vieux (tout du moins à léchelle du rap), le MC, DJ et producteur Buck 65 na pas grand chose du rappeur typique. Rien détonnant donc si Vertex, lalbum quil a sorti lan dernier sur son propre label (Four Ways to Rock), se révèle largement aussi décalé et hors-norme que le personnage. Anticon, le label sur lequel il vient de sortir un maxi (The Centaur) nous avait promis de révolutionner le hip hop. Voici toujours lun de ses affiliés qui, sans trahir les canons du genre (il rappe, il scratche, il sample des boucles), semble bien parti pour réaliser cet ambitieux programme.
Sur Vertex, Buck 65 nous propose une longue série de beats bizarres, surréalistes et expérimentaux, mais jamais pédants. Lalbum est fait tout entier dun hip hop vaporeux et quasi ambiant, seulement troublé par une jolie collection de boucles parfois accrocheuses ou par quelques pluies de longs scratches étirés. Et pour brouiller les pistes plus encore, le producteur singénie à découper la plupart de ses titres en mouvements, deux, parfois plus, dont au moins un instrumental. Il nhésite pas non plus à traîner le hip hop vers les contrées peu familières de la musique contemporaine (il fallait s’y attendre) sur ‘Bachelor of Science’ ou à reprendre Roxy Music avec une version de ‘In Every Dream House There is a Heartache’ encore plus insolite que loriginale. La voix de Buck 65, elle, est calme. Elle est posée, quasiment parlée (et très compréhensible aux oreilles françaises) et déclame des paroles inventives, capables de passer de la petite poésie onirique au bon mot humoristique (« Ces idiots de DJ’s donneraient leur bras droit pour devenir ambidextres »), ou de célébrer les vertus du base-ball.
Quelques titres parviennent à se distinguer de ce lot étrange, comme le single ‘The Centaur’ (un homme au sexe énorme convoité par lindustrie du porno y symbolise létat du hip hop), l’orgue drôle de ‘The Blues Part I’, le majestueux ‘Bachelor of Science’, ou ‘Sleep Apnoea’, la gemme absolue, une plage bâtie autour d’un piano (un sample déjà entendu sur le quatrième album de Cypress Hill), terminée par un rideau de scratches et sur laquelle Buck nous décrit les affres du sommeil. Mais Vertex est dabord un album à apprécier dune traite et sur toute sa longueur, et lun des plus fascinants qui soient.
Sylvain
Disponible sur Waxexpress
Sounds from the Back of the Bus
The Centaur
Driftwood
Jaws of Life
The Blues Part I
On all Fours
Slow Drama
Sleep Apnoea
Brown Truck
In Every Dream House There is a Heartache
The Blues Part II
Memory is Parallax
To Say the Very Least
Works of Light
Supper at Sundown
Bachelor of Science
The Blues Part III
Style # 386