MOVIETONE – Movietone
(Geographic / Chronowax)
Indéniablement inspiré par le Velvet Underground, le premier album de Movietone réédité par le label Géographic et agrémenté ici de trois inédits fait partie de ces albums emblématiques auxquels on pense avec un petit pincement au cœur. Sa sortie initiale en 1996 marquait l’émergence puis l’avènement de quelques olibrius qui deviendront ni plus ni moins les figures de proue du Post Rock parmi lesquels Third Eye Foundation, Crescent, Flying Saucer Attack, autant de groupes qui tenteront d’établir des chemins de traverses entre différents genres et qui tous cultiveront une musique très "cinématographique". Du tragique "Darkness blue glow" hanté par la voix de Kate Wright dispersant une tristesse à peine anesthésiée par l’alcool aux verres brisés de "Mono Valley", Movietone excelle dans la pratique d’une musique très imagée portée par des textes inspirés et contemplatifs.
La beauté des disques de Movietone est difficile à saisir. Ce qui émerveille les uns peut très vite agacer les autres. Cette musique très simple, jamais basée sur plus de trois ou quatre accord, instaure une intimité blafarde. Nonchalante et langoureuse, teintée de jazz Les arpèges de guitares se répètent inlassablement tandis que les accords de piano, lourds et obsédants imprègnent tout ce disque d’une mélancolie poisseuse et enivrante, imbibée d’histoires et d’alcool. Une fois pris par le charme des clarinettes, tour à tour à l’arrière fond puis sur le devant de la scène comme sur "Heatwave Pavement", difficile de ne pas se laisser happer par les lames de fond de Movietone. En réchapper est rare tel sur "Orange Zero" où le vacarme des clarinettes et des guitares s’affrontent dans un joyeux bordel avant d’abandonner la plage aussi calme qu’au commencement du monde, à peine hanté par la voix douce et mélancolique.
Si les fausses notes et les maladresses sont monnaie courante dans cet album, ce premier opus, inégal et chaotique, constitue à sa façon une ode à tous les musiciens dit "amateurs" et contient d’ores et déjà en son sein tous les germes du magnifique et intemporel Day and Night que signera, quelques années plus tard, la formation spleenétique de Bristol. Noirceur, tristesse et mélancolie ne sont pas les seules facettes de Movietone en atteste le clip délirant (tourné en super-8) de "Blank Like Snow" téléchargeable en son temps sur le site de Labels.
Phi
A lire également, à propos de Movietone :
chronique de « The Sand and the Stars » (2004)
Chance is her opera
Heatwave pavement
Green ray
Orange zero
Late july
Darkness blue glow
Mono valley
Coastal lagoon
Alkaline eye
3am walking smoking talking
Three fires
She smiled mandarine like
3000ft red ceiling
Orange zero (single)
Chance is her opera (demo)