GEL: – Dolce
(Plop / Mochi Mochi)
Bidouilleur de talent, Julien Locquet a.k.a Dorine_Muraille reprend du service sous son premier nom de scène pour donner suite au magistral "Mani" paru en début d’année sur le label anglais Fat Cat. Alors qu’il nous gratifiait d’un album protéiforme et posait les jalons d’une musique électronique revigorante, il force aujourd’hui l’admiration avec ce Dolce au déroulement limpide. Fruit d’un melting pot sonore des plus détonants, Dolce s’inscrit dans la directe continuité du travail entamé sur son précédent opus : l’arythmie règne en maître, les mélodies continuent de s’effilocher au fur et à mesure qu’elles se construisent, le temps se distend indéfiniment mais l’intrusion ici ou là d’instruments "joués" ou des violons sur "La capacité d’accueil des cèdres" laisse à penser qu’il pourrait bientôt accoucher d’un véritable chef-d’œuvre… Gageons que l’apaisant "Narcissisme et Paranoïa" morceau d’ouverture en mouvement permanent, rêverie discontinue, danse gracieuse et hypnotique n’en est que le prélude. Le piano préparé défie les déluges électro-soniques dans un combat où l’on s’effleure plutôt que l’on ne se blesse.
Tel un cinéaste doué d’un sens inné du montage, Gel: tout au long de Dolce "dérushe" ses prises. A force de gratter et violenter la pellicule sonore traversée par d’excentriques et séduisantes errances, il nous fait parvenir à l’étourdissement. Symphonie du monde urbain, "Dolce" disperse luxe, calme et volupté. Si certains trouveront toujours à redire sur ce travail, ou le compareront par fainéantise à celui de l’incontournable et activiste Aphex Twin, la musique de Gel: revêt, par son audace et sa fraîcheur, un caractère novateur. Ce dernier marie mieux que personne la musique contemporaine à l’électronique tel "Du haut d’un terril Elise a le vertige lorsqu’elle pense à ton joli ptit cul" qui se clôture par une partie d’épinette, ponctuation d’un dialogue cru, exercice auquel Gel: s’est déjà plié sur un premier 45 tours paru chez Active Suspension.
Prolongeant le plaisir dispensé par "Mani" plutôt que cherchant la surprise, maîtrisant à merveille son sujet plutôt que s’engageant dans de nouvelles voies, "Dolce" écarte définitivement les doutes émis par certains quant à la superficialité des compositions de son auteur. Loin des chemins balisés et des calques d’écoles employés par les fumistes adeptes du conformisme ambiant, il s’impose comme une des véritables personnalités de la scène électronique. Dans le chaos comme à la fin des illusions : "Tout est clean"…
Phi
Narcissisme & Paranoïa
Fâne
La capacité d’accueil des cèdres
Notion de cure
L’objet
Elle l’aima jusqu’au jour où, victime d’une septicémie contractée au cours des pratiques secrètes…
Prive
Du haut d’un terril Elise a le vertige lorsqu’elle pense à ton joli ptit cul
Tout est clean