BULBUL – Bulbul
(Trost) [site]
Bulbul, c’est le nom perse d’un oiseau chantant (véridique). Ça pourrait être le nom du poisson rouge préféré de votre petite soeur, ou alors la marque de la dernière boisson à la mode. Mais en fait c’est le nom de scène d’un énergumène autrichien pour qui la musique est affaire de bruits, de mélanges et de chaos.
Si Bulbul était un poisson, ce serait un piranha dans vos toilettes, s’il était une boisson ce serait un cocktail à base de vodka, de tequila, du liquide de la vieille bouteille qui traîne au fond du bar depuis des lustres, d’acide, de cyanure et d’un peu d’arôme de melon pour déguiser l’amertume.
Pour ce quatrième opus, Bulbul part bille en tête dans des limbes bruyantes et syncopées qui ne sont connues que de lui. Il suit un chemin accidenté et tortueux vers une destination inconnue, chaque morceau pouvant s’apparenter à une étape. La construction des morceaux est assez simple : Bulbul part d’une idée de base (généralement un son de guitare torturée), la développe, lui fait rencontrer un partenaire de hasard (généralement une rythmique bancale), les accouple, plaque l’idée première dans une ruelle sombre et embarque son bâtard de rejeton dans une autre direction. « Mirror Mirror Salvadore » en est l’exemple parfait. Après un départ noisy rock somme toute assez classique la mélodie se fait écharper par une guitare syncopée, subit les outrages d’une basse outrancière et finit sa vie en mère maquerelle d’un bordel bruitiste à la Giddy Motors. Mais si le coté bruitiste est l’une des marques de fabrique de Bulbul, ce dernier ne s’y limite pas. Autre morceau phare de l’album « Two White Mae Fays » commence en explosion rock, continue en expérimentation noise, vire au prog et fini en rengaine folk décharnée soutenue par une électronique amateur et peut-être même accidentelle (les ampli ayant tellement souffert en étant poussés dans le rouge qu’il émettent des glitchs non prévus…). Et l’album se déroule ainsi de demi-tours inattendus en rebonds incontrôlables pour se finir sur un « Lost In The Loot » qui doit autant à la drum and bass des clubs londoniens qu’au expérimentations bruitistes de Marc Sens. J’ai dû écouter ce disque une bonne vingtaine de fois pour préparer cette chronique et je ne sais toujours pas quoi en penser…
NB: pour les amateurs de vinyl et de collector, l’album est disponible en 3 versions CD et en 10 versions vinyls. A voir aussi le premier album, disponible dans un emballage en métal de 600g. Le poids de la musique !
Gildas
Mirror Mirror Salvadore
Linsen O.K.
I Yellow Sea Me
XX
Luna Q
Two White Male Fays
Lost The Loot
Oh Mosquito
Where The Satellites Shine
F 10.00