THE CAKEKITCHEN – How Can You Be So Blind?
(Hausmusik) [site]
En principe, lorsque l’on mélange du bleu et du jaune, on obtient du vert, plus ou moins bleu, plus ou moins jaune, selon les dosages. Dans des cas très particuliers et avec un peu d’imagination, on pourrait envisager d’obtenir du bleu à pois jaunes ou pourquoi pas des rayures. Mais, osez imaginer du noir ou du violet, avec en plus des motifs, cela relève d’autre chose que de la simple surprise. C’est pourtant le joli tour de force qu’est parvenu à réaliser Graeme Jefferies, avec Markus Acher (The Notwist) et Michael Heilrath (Couch) à travers ce projet de peinture culinaire nommé Cakekitchen. La rencontre des sieurs Acher et Heilrath n’est pas surprenante outre mesure puisque dame Acher (Micha) s’était déjà retrouvée sur le très carré mais convaincant « Profane » de Couch. Ici, la répartition des rôles est relativement conforme aux attentes : Markus à la batterie et aux percussions, Michael à la contrebasse. Quant à Graeme, figure importante de la scène néo-zélandaise aux commandes de ce projet, il oeuvre au chant, à la guitare et au piano. Le déclencheur de cette collaboration est Michael Heilrath qui, après avoir entendu le morceau d’ouverture du film allemand « Sonnenallee », composé par Graeme, a immédiatement voulu travailler avec ce dernier. Ni une, ni deux, le Néo-zélandais se rend à Munich avec sous le bras un bon paquet de chansons composées à la guitare acoustique pour les frotter à nos amis d’outre-Rhin.
Comme je l’ai dit, compte tenu des paramètres de départ, le résultat surprend. La singularité de Cakekitchen tient en grande partie à la voix de Graeme Jefferies, grave, profonde et mélancolique, relativement semblable à celle The Blasco Ballroom, bien que plus claire. Les guitares simples et découpées, ainsi que des violoncelles très présents, renforcent la sensation d’écouter un cousin du dernier groupe cité. Les guitares, souvent plus acoustiques qu’électriques, égrènent des mélodies magnifiquement déprimantes autour desquelles viennent s’enrouler de beaux violons et un piano neurasthénique, et auxquelles viennent s’accrocher d’étranges arrangements (des pièces de monnaie qui tombent, du plastique que l’on froisse, etc.).
Sans parler de tubes, terme relativement impropre à ce genre de musique, il convient d’évoquer la notion de perle mélodique. Je vous vois par exemple difficilement résister à la guitare finement ciselée, aux cordes voluptueusement frottées du champêtre « The Rainmaker » (non, ce n’est pas un remix de Sparklehorse malgré une pochette dont l’esthétique pourrait bien faire référence à ce groupe). Mais je ne veux pas me focaliser sur les titres d’un album qui se prend dans son entier et dont le charme aussi diffus que certain ne vous quittera plus.
Fred
You Know I Really Like Your Style
How Can You Be So Blind?
Gold Neon Moon
Beautiful Hidden Lagoon
The Love You Had For Me
The Rainmaker
I Don’t Want To Hear You Say Goodbye
We See In The Dark
The Resurrection Of Lieutenant Ghmpinski