BOB DYLAN – Live 1964
(Columbia)
Les fans de Dylan peuvent se réjouir, depuis plus de six ans, des sorties régulières de fonds de tiroirs inusités et inusables. Abasourdis par les trésors inconnus du premier volume (Bootleg Séries 1 à 3), ils s’étaient logiquement rués sur le concert de 1966, le faussement nommé Royal Albert Hall Concert, et étaient tombés sous le charme du plus beau pirate officiel (et peut-être tout simplement le plus beau concert) de l’histoire du rock. Après de tels sommets, la Rolling Thunder Revue de 1975, pourtant très honorable, frustrait quelque peu l’auditeur avide de chef-d’œuvre inconnu. En 2004, le sixième volet de ces Bootleg Series ne déçoit pas avec son retour plus de quarante ans en arrière.
Bob Dylan était alors un jeune chanteur folk plutôt en vogue de 23 ans. Sa notoriété n’atteignait pas encore celle de Joan Baez (comme en témoignent les cris du public à l’annonce de son arrivée sur scène), sa guitare n’avait encore jamais été électrique, sa carrière n’avait pas encore été atteinte par la drogue, Dieu ou l’alcool, mais son talent, lui, était déjà là, immense, unique, indéniable. Le répertoire du jeune homme débraillé qui se produisait sur scène ce 31 octobre n’était qu’une petite part de qu’il est devenu aujourd’hui. Tellement de chansons essentielles pourtant. "It ain’t me", "A Hard Rain’s a Gonna Fall", "Don’t Think Twice It’s Allright" dont Dylan donne une excellente version qui préfigure celle de Before The Flood, sont déjà des classiques. Quelques nouveaux titres sont étrennés : "Gates of Eden", "Mr Tambourine Man"… Le public, conquis de bout en bout, se prête au jeu. Le jeune chanteur aussi. L’humeur visiblement au beau fixe, Bob plaisante, parle beaucoup, s’amuse, notamment de ses propres mots. Aucun concert officiel de Dylan ne rendait compte jusqu’alors d’une telle envie de communiquer, d’une telle désinvolture, d’un tel égard pour son public. Simplement accompagnés d’une guitare et de d’un harmonica, les mots du jeune poète font mouche à chaque fois. Et lorsque l’officieuse maîtresse de l’époque, Joan Baez, vraie star établie du folk, vient prêter sa voix forte sur quatre titres, l’alchimie est totale, les chansons gagnent en mélodie ce qu’elles perdent en gravité, et le public est aux anges. En 2004, la formule fonctionne encore.
Premier document live d’époque à conseiller à tous les inconditionnels de Dylan, bien entendu, mais également à tous ceux qui souhaitent s’offrir une vue transversale de sa carrière. En attendant la prochaine surprise sortie des tiroirs poussiéreux de Columbia…
Jean-Charles Dufeu
The Times They Are A-Changin’
Spanish Harlem Incident
Talkin’ John Birch Paranoid Blues
To Ramona
Who Killed Davey Moore?
Gates Of Eden
If You Gotta Go, Go Now
It’s Alright, Ma (I’m Only Bleeding)
I Don’t Believe You
Mr. Tambourine Man
A Hard Rain’s A-Gonna Fall
Talkin’ World War III Blues
Don’t Think Twice, It’s All Right
The Lonesome Death Of Hattie Carroll
Mama, You Been On My Mind
Silver Dagger
With God On Our Side
It Ain’t Me, Babe
All I Really Want To Do