HYPO – Random Veneziano
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On l’a remarqué depuis longtemps, les métissages sont toujours l’occasion de régénérer et de dynamiser (dynamiter ?) l’expression artistique. C’est peut-être aussi le cas pour la musique, mais c’est sûrement le cas du nouvel album de Hypo, alias Anthony Keyeux : "Random Veneziano". Alors que la pratique des métissages reste toujours aussi tendance dans l’electro-pop actuelle, le style Hypo se distingue nettement de celui de Too Many DJ’s, Richard X ou autres joyaux de l’hybridation comme le "Grey Album" de DJ Danger Mouse (Beatles + Jay-Z). Hypo prend le parti de la polémique, assume le kitsch et l'(auto)dérision, mais ne néglige pas la recherche sonore la plus pointue, ainsi qu’une inventivité mélodique inattendue. L’un des enjeux principaux de Hypo reste néanmoins la déconstruction de tout ce qui passe pour électro-chic dans la pop actuelle : dans une interview il s’acharne par exemple sur la petite Emilie Simon, cette enfant-prodige de l’électro française, qu’il rêve d’accoupler avec (entre autres) Joe Dassin, Richard Claydermann ou James Last sur fond d’orchestres télé des années 1970. "Random Veneziano" lui permet de réaliser ce rêve, et bien d’autres encore. On reste fasciné par le travail de sampling, mené pratiquement à l’encontre de tout ce qui se fait dans l’éléctro plus ou moins "fashion" : s’il s’agit de répliques de films, Hypo choisit les instants de toux, de reniflements, d’hésitations et de bafouillages : des "Euh" et d’autres chats dans la gorge ; s’il s’intéresse aux musiques de séries télé du dimanche après-midi, il emprunte des passages mutilés, presque méconnaissables, ou alors juste des boucles d’applaudissements. Même si le côté "remix de divertissement kitsch" pourrait faire penser aux compils Paris Dernière, Hypo ne reprend jamais des morceaux connus, il préfère reconstituer une atmosphère plutôt que de massacrer les grands classiques, même si le titre renvoie aux tristement célèbres Rondo Veneziano. Cet "échantillonage critique" l’amène aussi à proposer des morceaux du plus parfait comique, comme "World Music", baragouin faux-ethno sur le rythme d’une chaise traînée sur un sol en ciment, ou "The Lost Operette", scandée par le bruit de bouteilles cassées. Avec tout ce bric-à-brac, Hypo finit souvent par créer de vraies chansons, à la façon de certains dessins surréalistes qui, à partir d’un amas aléatoire d’objets, donnent naissance à un cadavre exquis : "Random Veneziano".
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