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Disques

Picastro – Metal Cares

PICASTRO – Metal Cares
(Monotreme Records / Chronowax) [site] – acheter ce disque

PICASTRO - Metal CaresVous marchez dans la forêt à la tombée de la nuit. Ou plutôt non. Dans un bois clairsemé. Une fin d’après-midi d’automne. Vous marchez sur des branches et des feuilles mortes. Et vous vous laissez surprendre par l’obscurité naissante, que jette sur vos pas la frondaison agonisante. C’est là, de derrière un arbre maigre, que devrait jaillir la silhouette fantomatique de Liz Hysen, ou du moins son timbre si particulier, véritable empreinte d’un groupe à l’attrait aussi sûr qu’inquiétant.
Car Picastro est une maléfique et envoûtante apparition, dont la glaçante émanation vocale, celle de sa chanteuse, a d’indéniables vertus évocatrices. Cette voix n’en est d’ailleurs pas une. C’est un voile plus qu’une voix, négligemment posé sur des chansons aussi décharnées qu’il est blanc et usé lui-même. Autour de cette absence indescriptible et irremplaçable gravitent alors les morceaux. Taillées à coups de lames de rasoir dans un folk moribond, les chansons de Picastro doivent leur énergie des derniers jours à une batterie lourde et désespérée, qui semble cracher son dernier souffle à chaque coup de baguette. Au premier plan, guitare cristalline et violon se querellent en une lutte fratricide sans fin, arbitrée de loin par un violoncelle grave et triste. C’est à la limite de la dissonance qu’a grandi ce petit monde désenchanté. C’est d’ailleurs quand il est le plus déroutant qu’il ensorcelle le plus. Et pour cause. La musique de Picastro est proprement celle qui se trouve en dehors de la route. Elle pousse dans les broussailles et les ronces, dans les sentiers humides. Dans les paysages déprimés, elle prend racine. Et comme tout périple en dehors des sentiers battus, "Metal Cares" comprend sa part d’angoissant, de pénible, de désagréable. Egarée quelque part dans une terre en friche entre le folk et le post-rock (le groupe a eu la bonne idée d’être Canadien), auquel elle emprunte sa lenteur contemplative et sa violence insinuée, la musique de Picastro sonne comme un chant du cygne extensible, alliant une puissance spectrale au goût de l’expérience inédite. On dit parfois d’une musique qu’elle est habitée ; il faudrait dire ici qu’elle est hantée. Ou mieux encore, qu’elle hante. Imperturbablement, consciencieusement. Jusqu’à dépasser les cadres de l’harmonie sonore et instaurer ceux d’un univers où tous les sens se confondent pour bâtir une harmonie ou une dysharmonie totale. La création d’une atmosphère.

Jean-Charles Dufeu

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