THE DEPARTURE – Dirty Words
(Parlophone/ EMI) [site] – acheter ce disque
Un des jeux les plus branchés en ce moment est, sans aucun doute, de deviner lesquels des groupes post-punk historiques influencent le plus les groupes néo-post-punk qui émergent des magazines. A ce petit jeu pop, on sait que Gang of Four et Joy Division tiennent largement le haut du pavé. D’ailleurs on retrouve (mais fallait-il le préciser !) ces deux influences tout au long de ce disque. Mais ce qui est intéressant avec ce premier album de The Departure, c’est que, s’il se glisse aisément dans la brèche ouverte par Interpol et consorts, les véritables influences de ce nouveau groupe ont plutôt de quoi (d)étonner. En effet qui parierait actuellement sur un cheval qui court sous les fanions de la pop mélancolique et épique des Chameleons ou des groupes plus emblématiquement gothiques comme Killing Joke (période "Night Time"), Modern English ou les morceaux les plus cold-wave d’Echo And The Bunnymen ? Il faut bien dire pour rassurer tout le monde (et en premier lieu les plus popeux d’entre-nous : non vous n’êtes pas sur un site gothique !) que ce disque est un très bon album de pop atmosphérique à tendance post-punk, ce qui veut dire : qu’il fait rêver les garçons et danser les filles (et inversement) mais aussi qu’il résume assez bien à lui tout-seul le meilleur du revival post-punk actuel. Qu’est-ce à dire ? D’abord, il ne faudrait pas croire que The Departure n’est qu’une vulgaire copie de ce que copie déjà Interpol. Certes les influences largement revendiquées des deux groupes, Echo And The Bunnymen et Joy Division en avant-poste, sont ici bien sûr partagées, mais The Departure est quand même largement plus excitant et bien plus urgent et novateur dans la façon de faire briller ses pop-songs et de mixer ses influences. Les morceaux accrochent, c’est à dire qu’ils sont éminemment pop, une pop faite de hits en puissance avec un son post-punk basse funk très puissant ("Talkshow" par exemple ou "All Maped Out", excellent premier single), et ce n’est pas seulement juste triste ou mélancolique ou encore lent et mid-tempo, c’est épique, dansant et rempli de titres que l’on a envie de chanter sous la douche ("Arms Around Me" ou le superbe "Changing Pilots", tout en nuance cold-wave). Il y a donc des guitares aériennes, de beaux passages mélancoliques et Chameleonesques, des rythmes froids, des basses funk rigides, de beaux entrelacements de voix, des guitares incisives et Gang of Fouriennes, des grattes en syncopes à la U2, des refrains accrocheurs, une voix à la Ian Curtis, des passages industriels-pop à la Killing Joke (sur le grandiose "Only human" ou l’improbable et fulgurante rencontre entre Killing Joke et Chameleons), des arpèges à la Cure, un psychédélisme Bunnymennien… bref la meilleure synthèse possible d’influences impeccablement digérées… bref tout ce qui peut faire aujourd’hui un très bon disque néo-post-punk. Le résumé parfait au fond de la façon dont un disque pourrait et devrait sonner en 2005.
Sylvain Courtoux
Just Like TV
Talkshow
Only Human
All maped Out
Arms Around Me
Lump InMy Throat
Don’t Come Any Closer
Changing Pilots
Be My Enemy