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Chris Whitley – Soft Dangerous Shores

CHRIS WHITLEY – Soft Dangerous Shores
(Messenger Records / Cooking vinyl) – acheter ce disque

CHRIS WHITLEY - Soft Dangerous ShoresAhhh, Dresde… Voyant l’endroit où le sieur Whitley a erré lors de la confection de cet album, je me mettais à fantasmer à propos des fusions entre le blues du Mississipi et les envolées lyriques de Kurt Weill, une plongée dans l’univers expressionniste de "Low", des films de Sternberg… Dresde est à la mode chez les Américains lettrés (les Dresden Dolls, notamment, comme leur nom l’indique), qui comptent trouver dans cette ville la source de la musique européenne, et un certain sens de l’esthétisme ayant traumatisé des artistes comme John Cale, Bowie, Scott Walker… Le choix de l’exil américain en Europe a donné naissance à des albums indispensables et fondateurs. Lorsque l’americana rencontre la vieille Europe…
On évoque Nick Drake et Robert Johnson pour définir la musique de Chris Whitley. La comparaison est assez osée, car ici, point question de crossroads, de diable aux trousses et au corps, non, il s’agit de poésie urbaine. Le jeu de guitare est un modèle d’authenticité blues, comme exécuté sur une antique National Steel guitar. Il s’en dégage dès lors une tonalité très roots, le tout porté par des rythmes urbains et modernes. Chris Whitley ne joue pas ici la carte du purisme à la White Stripes, et tente de concilier l’expression de la rue en 2005 avec les appels des bluesmen des années 30. C’est une rencontre impromptue, et plaisante, il faut bien l’avouer. Néanmoins, la voix n’est pas assez possédée à mon goût (et oui, Chris, tel est le prix à payer lorsque tu joues avec des mythes comme le blues rural et les influences du cabaret), et évoque davantage Ben Harper que Leadbelly ou Elmore James. Quelques beaux titres sortent néanmoins du lot. "Medecine Wheel", par exemple, blues doucement tribal, glissant entre les buildings et la jungle urbain, Beat electro/ Battement de cœur placé sur une guitare rudimentaire, sonne étonnamment moderne, un blues échappé du Bronx en 2005 ; "Last Million Miles", qui évoque tout sauf les espaces verts, aurait pu figurer dans la B.O. de "Sin City", tant l’ambiance poisseuse et l’odeur de l’asphalte brûlant au soleil est présente sur ce morceau ; ou encore "Her Furious Angels", très soul, sur laquelle Whitley parvient à rendre quasiment veloutée sa voix éraillée.
Non, rien n’évoque véritablement l’influence de Dresde dans cet album de Chris Whitley, si ce n’est une recherche de nouveauté et une quête absolue d’authenticité et de retour aux racines. C’est un disque intéressant dans sa démarche, même s’il est assez inégal. Prochaine étape, La Nouvelle Orléans ? Si c’est le cas, qu’il fasse attention : Johnny Thunders n’en est jamais revenu…

Frédéric Antona

Fireroad (For Two)
Soft Dangerous Shores
As Day is Long
Valley of the Innocents
City of Women
Time Square Machine (N.Y.C. February 1991)
Her Furious Angels
Last Million Miles
Medecine Wheel
End Game Holiday
Breath of Shadows

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