DEUS – Pocket Revolution
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Il y a une grâce particulière à ce retour de dEUS six ans après "The Ideal Crash" : une absence totale de triomphalisme, une manière de jouer profil bas, de dérouler des chansons faussement sages pour amadouer l’auditeur avec des moyens modestes qui se révèlent sur la durée assez convaincants. "Pocket Revolution" est le quatrième album d’une famille encore recomposée (arrivée de Stéphane Misseghers – batterie-, Alan Gevaert -basse- et Mauro Pawlowski -chant- auprès de Tom Barman et Klass Janzoons) et sans doute celui qui risque de dérouter le plus. Refusant clairement de jouer sur l’instantanéité rock de "Instant Street" ou "Sister Dew", remisant au rencart les éclats bruitistes de "Suds & Soda", il ne raccole pas le public avide de sensations fortes ou de nostalgie voyante. La construction du disque est à cet égard assez éclairante : une intro progressive jouant sur la distorsion psyché d’une guitare entêtante ("Bad Timing"), une ballade mid-tempo, à la mélodie minimale, au jeu vocal rentré, en guise de premier single ("7 Days, 7 Weeks"), suivie d’un rock déviant qui hésite à monter en puissance ("Stop-Start Nature"). Il faut attendre le quatrième morceau pour trouver une composition qui assume clairement sa ligne stylistique (souplesse rythmique, guitares tout d’abord mélodiques puis de plus en plus incisives) et se risque un peu au rentre-dedans. Et puis, on repart sur des bases hybrides (programmation, dualité des voix et effets de guitare sur "What We Talk About", atmosphère entre chien et loup sur le refrain de la seconde ballade, "Include me out", touches 70’s -orgue, cordes, choeurs stonesiens- sur "Pocket Revolution"), avant de voir le groupe relever la tête sur un "Nightshopping" (guitares tour à tour rondes et grondantes, rythme chaloupé) ou un "Cold Sun of Circumstances" et finir son tour de piste de ballade ("The Real Sugar") en ballade (la plus belle, "Nothing really ends", sur la possibilité incertaine de l’amour après l’amour, étant gardée pour la fin, avec ses choeurs mixtes, son doux mélange de cordes et de percussions mélodiques, la voix de Barman enfin exposée dans l’espoir et le regret). Il y a quelque chose d’émouvant dans cette manière de se donner peu à peu, de se laisser désirer de plus en plus, sans séduction et sans outrance, au fur et à mesure des morceaux. Des retrouvailles qu’on souhaite, effectivement, comme ce disque, toujours plus belles.
David Larre
Bad Timing
7 Days, 7 Weeks
Stop-Start Nature
If You Don’t Get What You Want
What We Talk About (When We Talk About Love)
Include Me out
Pocket Revolution
Nightshopping
Cold Sun of Circumstance
The Real Sugar
Sun Ra
Nothing Really Ends