PHIL MANZANERA – 50 Minutes Later
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Les vieux de la vieille… Après Brian Eno et ses stratégies obliques, les albums tribute de Bryan Ferry, c’est au tour du guitariste de Roxy Music de nous gratifier de son nouvel album solo. Un guitariste mésestimé, engagé au sein de la formation qui lui a donné la gloire à l’issue d’une audition de trois jours, ayant traîné depuis plus de trente ans sa guitare pleine de stridences sur les albums de John Cale, Brian Eno, ou Saint Robert Wyatt. A l’occasion, l’ami Phil fait rappliquer la cavalerie pour publier ses propres opus. Abstraction faite de la pochette, il faut bien le dire, très moche (on sait bien que ça ne fait pas tout, en ces temps de dématérialisation du disque et de téléchargement massif, mais tout de même, on est loin des playmates dénudées des albums de Roxy Music… o tempora , o mores…). Rien que du très classique, à vrai dire, entre ballades acoustiques doucereuses ("That’s all I Know", très beatlesienne, avec la guitare de Phil Manzanera reconnaissable entre mille, toujours à la limite du larsen, de la beauté sous tension permanente), et rock à guitares, l’album défile agréablement…
Un disque de Phil Manzanera souffre d’un lourd handicap : cet individu n’a strictement plus rien à prouver. Membre d’un groupe responsable de deux albums (le premier album éponyme de Roxy et "For Your Pleasure") aussi traumatisants de beauté qu’indispensables, quel est maintenant l’enjeu pour lui ? Les ambiances de son ancien groupe (ancien jusqu’à la prochaine reformation) ressurgissant à chaque sillon, l’étrangeté de certains arrangements ("50 Minutes Mas Tarde") sont autant de souvenirs d’un passé très lourd à assimiler. Manzanera s’en démarque néanmoins en mettant l’accent sur des influences hispaniques (et encore… "Desaparecido" est aussi espagnol que les derniers disques de Santana sont latinos).
L’album, s’il se laisse écouter, et livre quelques morceaux attachants (comme "Swimming", très poppy, bien qu’assez plat au niveau des textes, ou le très onirique "Till the End of the Line") est finalement assez peu marquant sur la durée. Mais peut-être en attendons-nous trop… Et ne perdons pas de vue qu’au sein de Roxy Music, c’était Bryan Ferry qui composait les morceaux les plus puissants. Guitariste d’exception et compositeur inspiré ne vont pas forcément de pair. Mais Phil Manzanera s’en tire malgré tout avec les honneurs dans cet album assez inégal, réalisé, là encore, with a little help from Eno, Wyatt & co. Il est des relations qui vous poursuivent toute votre vie.
Frédéric Antona
Revolution
Technicolor UFO
That’s All I Know
50 Minutes Mas Tarde
Desaparecido
Dusza
One Step
Swimming
Bible Black
Till the End of the Line
Enotonik Bible Black