THE FLOATING CITY – Entering A Contest
(First Flight) [site]
Depuis quelques temps, outre-atlantique, bon nombre de formations semblent chercher à rivaliser de grâce et de finesse (voir les récents albums de Grandaddy, Midlake ou Grizzly Bear). Avec "Entering a Contest", The Floating City se lance à son tour dans la course. Et ce galop d’essai se révèle tout à fait convaincant : le disque est un concentré d’élégance et de légèreté – les membres du groupe ont été heureusement inspiré le jour où ils ont choisi leur nom.
Musicalement, les cinq américains jouent la carte de la simplicité : les morceaux, aux arrangements tout en retenue, ne s’encombrent d’aucun élément superflu. On y entend des guitares aux arpèges caressants, capables de se faire plus tranchantes, une basse solide, une batterie inspirée, nerveuse et précise, et des claviers dont la présence, loin d’être décorative, se révèle au contraire essentielle, puisqu’ils offrent souvent aux compositions leurs épines dorsales. Le rock caressant d’"Entering a Contest", teinté de pop et manifestement influencé par le jazz, témoigne ainsi d’un solide sens de l’épure. De même, le chant de Gareth Schumacher n’a rien de démonstratif : sa voix, délicatement traînante et inquiète, qui évoque de manière frappante celle de Rufus Wainwright, en moins assurée, s’impose sans effort.
Faussement fragile et apaisée, la musique de The Floating City, intense et fébrile, est chargée d’émotions complexes. Une certaine urgence pointe déjà sous le caractère rêveur du beau "Kansas City" d’ouverture – une espèce d’angoisse que l’on retrouve modulée sous différentes formes tout au long de l’album. Glaçante dans "Our Graves Are Cold", plus élégiaque dans le bouleversant "On My Guard", éthérée et synthétique dans "Oh, Laughing Girl Upon the Brinke of Death !", ou maintenue à distance le temps du fougueux "Smooth Cobra Future" qui rappelle Television, elle semble modeler "Entering a Contest". Comme s’il tentait de l’exorciser, le groupe termine d’ailleurs l’album, après une plage de trente secondes de silence, sur une note moins grave avec un "Oh No !" entraînant.
Ce disque en apesanteur, avec ses mélodies aériennes, semble augurer de belles choses pour l’avenir – si The Floating City, pour le moment en sommeil, se décide à continuer. On croise les doigts…
Aurélien Gaidamour
Kansas City
Memories Fade
Whose Side Are You on ?
Entering a Contest
Instructions for the End
Oh, Laughing Girl Upon the Brinke of Death !
You Are a Weapon
Smooth Cobra Future
Our Graves are Cold
Where You Are
On My Guard
Awake
60 Sec Blank
Oh No !