PIANO MAGIC – Part Monster
(Green Ufos / Discograph) [site] – acheter ce disque
Il n’est peut-être pas trop tard pour entrer dans la discographie d’un groupe de l’envergure de Piano Magic. Même si le nouvel album semble délaisser la manière électro pop de « Disaffected », le précédent opus, pour mettre à l’honneur les guitares, les indices qui ont fait l’identité de cette musique y sont tous présents. Le disque s’ouvre ainsi sur une version post-punk sombre à tendance noisy (batterie métronomique, voix à la fois grave et détachée, claviers eighties, entrelacs final des guitares) d’un morceau de Future Conditional, projet parallèle de Glen Johnson. « England’s Always Better (As You’re Pulling Away ») est fondé sur une sorte de récitatif, entre le solennel et le nostalgique, bordé de guitares et de cuivres, adouci par la voix féminine. Plus loin, cette dernière passe au premier plan et Angèle-David Guillou (habituée de ces climats) parcourt, de son timbre si particulier, précis, doux, un peu inquiet, le pop-rock d’ « Incurable » (autre reprise du récent EP), puis le folk sans âge de « Soldier Song » mâtiné d’un beat électronique. Une sorte de résumé des différentes tendances à l’œuvre au sein de ce combo à géométrie variable, la surprise en moins, mais avec une assurance et une netteté dans la direction esthétique qui impressionnent. Et le disque poursuit ses variations, avec un égal bonheur d’inspiration : post-punk avec claviers idoines et guitares à la Killing Joke, éclats de verre et voix fiévreuse de Glen (« The King Cannot Be Found »), instrumental noisy à déflagrations multiples (« Great Escapes »), cavalcade sonique psyché sur « Saints Preserve US », folk en apesanteur (« Part-Monster »), etc. Il est curieux de voir comment le fait de creuser le même sillon, de parcourir les mêmes dédales, n’ôte rien de son pouvoir de suggestion, de sa profondeur, à cette musique aux contours pourtant changeants, à la veine plurielle, aux fantômes insaisissables. L’art et la manière pour un groupe qui n’a sans doute plus rien à prouver mais beaucoup à gagner à trouver une meilleure audience. Et pour cette dernière, rien de plus recommandable que ce « Part Monster » particulièrement aimable.