CHAD VANGAALEN – Soft Airplaine
(Sub Pop / PIAS) [site] – acheter ce disque
La lumière, la perception, le rêve, les illusions… Et aussi la mort. Voilà quelques unes des obsessions, somme toute banales, de votre nouvel ami Chad VanGaalen. Ces gentilles lubies sont prétextes ici à quelques notables envolées poétiques, où les textes virevoltent dans un univers onirique parfois proche de l’absurde, mais plus souvent du sublime. Affranchi de la pression psychologique bien connue des songwriters solitaires canadiens, qui voudrait qu’une bonne chanson, qu’un bon album même, soient infailliblement mêlés à une overdose de mélancolie, Chad mène sa barque sur des eaux plus troubles, où le sourire et l’émotion se côtoient, où la tristesse n’est jamais bien loin d’une distance ironique à soi-même. Et il faut évidemment savoir manier une musique de circonstance pour cultiver cette précieuse mauvaise herbe que représente une pareille indépendance d’esprit. Gageons alors que Chad VanGaalen est un excellent jardinier. Car son disque est d’une improbable luxuriance, débordant sur les plate-bandes du folk au banjo, du punk soft mais convaincu, de l’électro foutraque et décomplexée, du rock instrumental un peu sauvage… Une joyeuse forêt vierge où le fil conducteur est une voix à la limite de l’androgynie, perchée sur les mêmes hauteurs que celle des Shins, compagnons de label chez Sub Pop, ou mieux encore celle de Phantom Buffalo, groupe avec lequel le jeune Canadien partage certainement quelque propension surnaturelleà changer le plomb en plumes et l’eau non potable directement en champagne. Parmi les superbes chansons du disque, lui-même plus abouti que le précédent (pourtant très bon déjà), "City of Electric Light", dans son dénuement consterné où survole un refrain plus céleste que le plus parfait des astres, a tendance à me laisser particulièrement sans voix. A défaut de vous en chanter la mélodie, je ne résiste pas à en recopier ici les premiers vers, qui ne manquent pas de me chatouiller la cage thoracique à chaque fois que je les entends. "And I thought you were the moon in the sky, but it turned out your were just a street light. You were burning like a hole in the night." Bien sûr, ça ne vous arrache peut-être pas directement des larmes à l’instant, mais reparlons-en quand vous serez en train d’écouter le disque… vous rigolerez moins à ce moment-là.
Jean-Charles Dufeu
A lire également, sur Chad VanGaalen :
la chronique de « Skelliconnection » (2006)
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Bare Feet on Wet Griptape
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TMNT Mask
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Old Man + The Sea
City of Electric Light
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