MILOS UNPLUGGED – The Mountain People Of The Desert
(Autoproduit) [MySpace]
Milos Asian Teran est un personnage important sur la scène musicale bordelaise, en bonne partie grâce à la salle (El Inca) dont il est le programmateur. Mais c’est aussi un musicien, qui signe avec "The Mountain People of the Desert" son premier album disponible sous forme physique. Le disque a été enregistré au cours d’un marathon musical, long de 22 heures, effectué au Black Box Studio à Angers.
Il est important de savoir la durée d’enregistrement, car cela se ressent dans les chansons. Au nombre de dix, elles brossent tout un maelström d’émotions, passant du calme à la ferveur, de la colère à la joie, du plein soleil à la nuit noire. Milos a des origines péruviennes, et sa musique est imprégnée des sensations qui l’ont probabement envahi lorsqu’il est arrivé en France, il y a de cela dix ans. Passionné de folk, inspiré par Sufjan Stevens et Nina Nastasia, on ressent aussi l’amour des grands espaces, tel que Beirut ou Calexico le transmettent. "Blood Brothers" se charge de jeter les bases de l’univers du groupe (car c’en est un : Milos joue avec le collectif bordelais Iceberg), au travers de plusieurs changements de rythmes, tantôt lents, tantôt plus rapides quand monte la ferveur et que le chant se fait collectif. La chorale n’est d’ailleurs pas très loin sur "Annihilation", très léger avec ses petites clochettes et son xylophone mais qui s’achève en une gentille transe bercée par la trompette. L’essence du groupe est ici, dans ce sens du partage qui émane des chansons, toujours passionnées et desquelles émane une grande conviction.
Souvent teinté d’optimisme et d’odes au pacifisme, le disque ne souffre pourtant pas de ce qui pourrait le rendre un peu niais. Bien au contraire, cette vibration est une des composantes fondamentales de "The Mountain People of the Desert" : ce sont des mélodies simples, souvent évidentes qui touchent directement l’auditeur, car en prise directe avec les sentiments que veulent faire passer l’artiste et sa troupe, qu’ils soient positifs ou plus noirs. "Peace of Mind" est un bon exemple de cette alchimie faussement simple à atteindre : introduction à la trompette, puis le chant empli de passion de Milos arrive, avant que l’ensemble se mette en place et qu’on sente monter l’exaltation au fil du morceau. Il met beaucoup de force dans les morceaux, qui dépassent parfois le cadre folk pour frôler le post-rock ou se voient mâtinés de psychédélisme. Mais l’artiste et ses acolytes retombent toujours sur leurs pattes, y compris sur le dépouillé "Our Mission", qui conclut l’album comme on prêcherait dans le désert au son d’une trompette hoquetante : le morceau vit, brasse des sensations surprenantes avec ses distorsions et ses pulsations jazz. C’est un brillant point final à un disque qui a une réelle aura, à l’image de son interprète principal : à découvrir donc.
Mickaël Choisi
Blood Brothers
Annihilation
Holy Breathing
Peace of Mind
Industrial Disease
Simon
Blood Brother Stephane
The Letter
Qatar
Our Mission