RADIO MOSCOW – Brain Cycles
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Radio Moscow a tout du groupe anachronique. On parle souvent de groupes qui font une fixation sur une époque donnée, mais dans ce cas-là, il est clair que Jimi Hendrix a eu un effet boeuf sur ces Américains. Soyons sympas, reconnaissons-leur le droit de revendiquer également une filiation avec Led Zeppelin ou encore Deep Purple. Bref, tout cela n’est pas tout jeune, mais attirera éventuellement l’oreille de votre père ou votre grand frère.
Du fin fond de leur Iowa natal, le trio s’est attelé à la tâche de donner un successeur à leur premier album. Celui-ci, sorti en 2007 et produit par Dan Auerbach (Black Keys) indiquait la route qu’allait prendre Radio Moscow, route de laquelle ils ne dévient pour ainsi dire jamais. Vous y trouverez donc des soli de guitare, de la pédale d’effets martyrisée et des breaks de batterie. Il est encore temps de fuir, si vous le souhaitez… Mais ce serait quand même un peu dommage. Parce que le leader du groupe, qui s’occupe donc de la guitare et du chant, Parker Griggs de son nom, joue aussi les partitions de batterie et a produit le disque. Mais surtout parce que Griggs, c’est quand même loin d’être un manchot ! Si les parties de batterie ne laisseront pas un souvenir impérissable, force est de constater qu’il fait à peu près ce qu’il veut avec sa guitare, sans non plus tomber dans la démonstration soûlante façon "tripoteur de manche". Ça reste toujours dans une veine très blues, qui tire parfois vers le psychédélisme, mais plus souvent groovy, quand les morceaux n’arpentent pas les bayous de la Louisiane, le temps d’un "Black Boot" en acoustique avec bottleneck et handclaps. Si le chant est souvent assez anecdotique (et d’ailleurs absent sur plusieurs morceaux), la force de frappe du groupe assure une belle efficacité, sur "City Lights" ou "I Just Don’t Know", qui feront plaisir à tous les amateurs de guitare, tant la richesse du jeu de Griggs assure des variations salvatrices dans des titres qui pourraient sonner un peu basiques sans. Sur "Hold On Me", la guitare est fuzz et évoque la bande-son d’un film de blaxploitation : sur "250 Miles", on est dans un domaine plus blues décharné, quand les partitions solo de "No Jane" donnent tout son sel à ce titre qui clôture le disque, pensé et articulé autour de la six cordes. Sans être indispensable, les prouesses de celui que certains considèrent (déjà) comme le meilleur guitariste actuel élèvent forcément Radio Moscow au dessus de la masse. A écouter, mais en toute connaissance de cause.
Mickaël Choisi
I Just Don’t Know
Broke Down
The Escape
No Good Woman
Brain Cycles
250 Miles
Hold On Me
Black Boot
City Lights
No Jane