CONOR OBERST & THE MYSTIC VALLEY BAND – Outer South
(Wichita / Cooperative Music) [site] – acheter ce disque
Le premier changement entre le précédent effort de Conor Oberst et celui-ci, c’est la reconnaissance du groupe qui l’accompagne. Et si l’on sentait un beau potentiel dans ces morceaux en solo du leader de Bright Eyes, il a clairement passé la surmultipliée avec "Outer South", nouvel album rutilant, qui enchaîne les titres comme autant de perles de rock et de folk à l’américaine, et arbore fièrement comme références Springsteen et Dylan.
Et ce qui s’entend, et ce que l’on ressent à l’écoute du disque, c’est cet espèce de plaisir quasiment palpable : l’album qu’auraient pu faire de jeunes gamins qui enregistreraient pour la première fois un disque. Clairement pas original, tout le sel du disque vient de cette communion entre les musiciens. Le groupe joue fort et précis, rien n’est éludé, tout est balancé le sourire aux lèvres : quand il y a un solo, c’est pour de vrai et c’est joué à fond, l’orgue est maltraité, comme le regretté Danny Federici le faisait si bien dans le E Street Band, la batterie cogne. Et par dessus ça, il y a le talent de mélodiste de Conor Oberst, cette faculté à transformer le déjà entendu en classique justement. Le ton est donné dès le début du disque avec "Slowly (Oh So Slowly)", entamé à la façon d’un big band rock, où chaque instrument est mis en avant, au service d’une mélodie certes classique mais très efficace. Et il y a bien d’autres titres dans ce style là, d’où émane une grosse communion entre les membres du groupe, cette fois-ci clairement reconnu comme tel. "To All the Lights in the Window", "Bloodline" creusent ainsi le même sillon d’un rock US, mais le catalogue des courants musicaux que revisitent Conor et ses copains ne s’arrête pas là. Sans aucun doute, la plus belle réussite du disque est "Roosevelt Room", blues brûlant et engagé, avec un orgue omniprésent, des soli de guitare qui fusent dans tous les sens et globalement, un morceau sur lequel tous les amplis sont poussés dans le rouge. Mais dans une veine plus country, il y a aussi de jolies perles, comme "Ten Women" avec ses petites touches de gospel, le tranquille "Difference Is Time", l’enlevé "Spoiled"… Bref, il y en a pour tous les goûts, même pop (les "wap doo wap" de "Air Mattress") ou americana pur jus ("Eagle On a Pole", "Worldwide"), qui semblent issus d’un disque de Neal Casal : le point commun de tout ça, c’est une maîtrise impeccable du songwriting, des mélodies et, j’y reviens, l’impression que ce disque a été conçu dans le plaisir et pour le fun. L’adage dit "c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes" : eh bien alors Conor Oberst et son Mystic Valley Band sont de brillants cuisiniers, de bons artisans qui maîtrisent leur livre de recettes. A déguster sans modération !
Mickaël Choisi
Slowly (Oh So Slowly)
To All the Lights in the Windows
Big Black Nothing
Air Mattress
Garbage Town
Ten Women
Difference Is Time
Nikorette
White Shoes
Bloodline
Spoiled
Worldwide
Roosevelt Room
Eagle on a Pole
I Got the Reason #2
Snake Hill