ALEXANDRE VARLET – Soleil Noir
(Shayo Records) [site]
Discret mais ponctuel, Alexandre Varlet donne régulièrement de ses nouvelles discographiques depuis son exil marseillais où il est allé planter ses racines. Avec « Ciel de fête » paru chez Fargo il y a quatre ans, il signait un beau retour et semblait avoir trouvé son point d’équilibre artistique entre chanson, rock, intimité et grandiloquence. Sur ce disque, la musique d’Alexandre Varlet se dépouille. Un dénuement nullement austère qui met en avant sa voix suave, ses textes poétiques et son jeu de guitare précis. Ce « Soleil noir » (en édition vinyle limitée sur le label helvète Shayo Records) a été enregistré en 2005 dans la foulée de « Ciel de fête » et dans le plus simple appareil. Varlet y dialogue avec lui-même entre deux pièces instrumentales. Comme s’il avait besoin de respiration entre les mots, comme s’il avait besoin de méditer aussi. Pour autant les démons de sa culture rock anglo-saxonne ne l’ont pas abandonné sous le soleil méridional. Overdubs de guitare et batterie (sur « St Tropez »), quelques refrains en anglais (« Want Me To Dance ») affleurent ici ou là comme une griffe naturelle. Mais pour l’essentiel ce disque s’épanouit dans la ballade atmosphérique de point du jour, genre déjà visité par le passé sur « Tutti quanti » ou « Presque monde ». Même sil choisit le registre de la confession, le chanteur évite le pathos, préférant manier l’humour et lironie comme rempart à limpudeur. Parfois sa sincérité fait mouche comme sur le très beau « Ressusciter » dont les paroles font écho à celles dune chanson plus ancienne (« Je pardonne à tous ceux que jai bien fait marrer
je passerai ma vie à ressusciter » / « Longtemps j’ai moins aimé la vie, j’ai eu pas mal de souci
» cf. »Tutti Quanti »). C’est en outsider que Varlet est le meilleur, fragile et fort à la fois. Un peu bravache, aussi, face aux lois du marché qui s’ingénient à ne pas lui faire la place qu’il mérite. Quil nous revienne vite avec une tournée et de nouveaux projets.