Chapeau de cowboy vissé sur le crâne, Frankie Lee s’inscrit dans une longue lignée de singers-songwriters, façonnant à travers leurs œuvres l’imaginaire américain. Né sur les rives du Mississippi et initié aux joies de la scène par Slim Dunlap (The Replacements), le garçon a déjà copieusement bourlingué, du Minnesota à la Californie via le Texas ou le Tennessee. Une vie sur la route qui semble avoir forgé l’authenticité de ce jeune artiste déjà familier, auquel on risque de s’attacher pour longtemps.
Tous les ingrédients sont là pour que l’on pénètre dans son premier album comme l’on s’inviterait chez un ami de longue date. La voix légèrement nasillarde peut évoquer celle de Bob Dylan, les histoires sont ancrées dans le réel comme chez Bruce Springsteen, l’aisance mélodique semble héritée des plus belles heures de Tom Petty ou Creedence Clearwater Revival (« Buffalo »). Surtout, ces chansons de facture classique, équidistantes du folk-rock et de la country alternative, paraissent tout ignorer du calcul et de la pose minutieusement étudiée. Un tel disque, concis et sans faiblesse, capable de faire jeu égal avec les plus grands sans pour autant les imiter, c’est au fond ce que l’on pouvait attendre de Ryan Adams du temps de sa splendeur.
Frankie Lee enfourche avec passion une americana rêveuse et éprise de liberté (« Where Do We Belong »), obéissant à l’appel de grands espaces au cœur desquels l’album progresse sans à-coup (« Queen of Carolina »). En dix chansons totalement addictives, ce premier essai aux allures de road trip musical met le rêve américain à portée de main.