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Heron Oblivion – Heron Oblivion

Heron Oblivion - Heron Oblivion

Groovey babe ! Heron Oblivion est un supergroupe de Frisco rassemblant des membres, tenez-vous bien, de Comets on Fire, Sic Alps et Six Organs of Admittance entre autres. Au programme, psychédélisme de rigueur donc, maestria de guitare, fumées lourdes, opiacées carabinées et cannabiques pour néo-bucherons en milieu urbain. Pour un peu, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, quelques bouffées d’« Heron Oblivion«  suffiraient pour faire remonter le souvenir, pas très avouable à vrai dire, d’écoutes adolescentes enfumées au marocain (coupé au plastique pendant la pénurie de l’été) de Jefferson Airplane et autre… Sweet Smoke, la flûte en moins, n’ayez crainte (celle-là, soyez tout de même prévenus, on la retrouvera sur le prochain Bonnie Prince Billy & Bitchin Bajas). On touche donc à un album à tendances passéistes glorieuses de la baie de San Francisco qui semble écumer la crème des meilleures années hippies, sans passer par la case trash metal des années 80-90 chère à Metallica et Megadeth, et nous la resservir rafraîchie et battue par les meilleurs représentants de ces dernières années. On pense évidemment aux albums de Comets on Fire et de Six Organs of Admittance, surtout lorsque les uns collaborent avec les autres (ne pas hésiter à gravir l’« Ascent« ). Là où les Heron Oblivion marquent des points c’est qu’ils jouent constamment la carte de la mélodie, avec comme atout majeur la voix de Meg Baird qui s’envole doucement comme volutes de patchouli au-dessus du magma (pour les allergiques au soufre, on conseillera Meg en solo sur « Don’t Weigh Down The Light »). Autre avantage, ce néo-psychédélisme est bien de saison et ne s’écarte pas des principes rigoristes hérités de l’influence Albinesque sur toute la scène indé, soient sobriété et minimalisme. Contrairement aux autres allumés de Boris ou de Acid Mother Temple, gardiens du temple psyché à l’est du Yang-Tsé-Kiang, on est clairement dans la droite ligne des seventies qui sentent la sueur et l’encens du Bay Bridge, comme si on avait transporté des straight Haight Ashbury pure souche directement en 2015. On trouve donc de la wah-wah en veux-tu en voilà sur « Oriar«  à faire baver le décadent Kevin Ayers, mais aussi des guitares qui crissent, qui fuzzent et qui tâchent sur « Faro«  ou « Sudden Lament« .

Oriar :

 

Au rayon basse, Om-esque allons-y, on se régale aussi avec un son hyper-mat et profond comme sur le haschichin « Rama«  et le groove nous fait sans cesse penser à d’autres allumés, éternels squatteurs de platines qui oublient jusqu’à leur nom, CSN avec ou sans Young, mais surtout avec. D’ailleurs sur « Your Hollows« , on débute par un quasi-plagiat assumé débouchant fort heureusement sur un feu d’artifice final, simplement Chasnyien c’est à dire fou, coloré, explosif, acide et corrosif.

 

Your Hollows :

 

Rien de révolutionnaire chez Heron Oblivion qui n’a pas inventé la poudre à sniffer, bien au contraire, mais c’est un album bien agréable pour un petit chill out électrique dans son canapé le weekend, pendant la sieste des enfants fleurs dans leurs lits IKEA. Sans avoir regardé la programmation du prochain Primavera Sound, je suis quasi-sûr qu’ils y seront inscrits, et, si j’y allais, ils feraient partie sans aucun doute de ma sélection d’immanquables, à apprécier peinard, sur une petite scène, près de la mer, un début de soirée, sous les derniers rayons du soleil. Et je suis sûr qu’on y croiserait une bonne partie des programmateurs/régisseurs/ingé sons de salles de France, en train de s’y régaler du côté de la buvette.

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