LE PRINCE MIIAOU – Concert à L’International, Paris, 19 Juillet 2009
Pas facile de remplir une salle parisienne dans la torpeur estivale… Après les honneurs des Francofolies et en attendant une tournée d’automne pour la sortie officielle de son disque, Le Prince Miiaou (avec deux ii) jouait dimanche soir à l’International. Nous étions une grosse trentaine d’happy few à avoir suivi le tam-tam urbain pour converger dans cette cave. Bon flair car, sur scène, la demoiselle tient toutes les promesses de son EP "Safety First" sorti en juin. Ouais, une claque ce concert. Ce petit bout de femme d’à peine 25 ans, fagotée à l’as de pique (collants rouges et robe liquette) a de l’énergie à revendre et deux musiciens au diapason. Il y a du Scout Niblett et du PJ Harvey chez elle (s’il est encore permis de faire de telles comparaisons) pour le côté félin et fêlé.
Sa musique ? Sensuelle et orageuse, noyée d’échos de sampling et de cordes rugueuses. Ici, pas de voix diaphane, de mélodies sucrées et de fadaises, plutôt du rock brut taillé dans une pierre noire, une tension permanente dans le jeu de guitare comme dans les jambes et le regard. Maud-Elisa Mandeau sait exactement où elle va et ce qu’elle veut. La scène est son ring, le public sa proie. Aux titres électriques que sont "Our Tale", "Hawaiian Tree", "He Said No" ou "Football Team" (pour lequel elle s’affuble d’un masque de ski et d’une cape rouge), elle oppose des moments d’accalmie à la grâce troublante où elle fait claquer la langue française avec une rare justesse, dévoilant au passage une fascination bizarre pour le corps humain et ses fluides ("No Compassion Available", "Frénésies horizontales"). Entre les morceaux, elle manie aussi l’autodérision, bouffe ses phrases, s’essouffle et repart au combat. Jamais épuisée, toujours sur le qui-vive. Mi-Chaperon rouge, mi Fantômette, Le Prince Miiaou sort vainqueur de son concert. Une victoire par K.O. évidemment !
Luc Taramini
Photos : Robert Gil (site www.photosconcert.com)