L’entrée au Rocher de Palmer ne laisse guère de place à l’hésitation : il y a bien un concert de métal dans une autre salle, à en juger par les looks. C’est donc dans la petite salle que cette dernière soirée du festival French Pop se tient, avec une affiche à la fois osée et excitante. C’est La Féline qui devait constituer mon point d’orgue personnel de la soirée, mais celle-ci fut fort équitablement réussie.
L’entrée en matière est confiée à Dodi El Sherbini, dont je ne connaissais qu’un titre, l’entêtant “L’éternel retour”, sur fonds de claviers lancinants. Outre ce titre, qui a confirmé au demeurant son potentiel de tube rétro, le Français (en formule trio, avec Mickaël Garçon de A.S. Dragon aux claviers et basse) a séduit en une demi-heure. Beaucoup de classe, de vraies chansons hyper bien menées, jamais trépidantes mais avec une formule pop 80’s faite de claviers au son travaillé (“Olympia”, “Faut pas rêver”) : Dodi El Sherbini pourrait peut-être casser le mur de l’underground pour prétendre à un succès un peu plus large.
Malgré une affluence hélas réduite, c’est sous des applaudissements marqués que La Féline monte sur scène. Je fais partie de ceux qui ne boudent pas leur plaisir car, ayant adoré le disque, j’avais hâte de voir ce que ça allait rendre sur scène. Rapidement, il m’apparaît qu’Agnès Gayraud et son groupe sont une formation impeccable, à la fois terriblement élégante et très dynamique, avec une énergie contagieuse. Je redécouvre les chansons, toujours aussi belles, et en même temps il y a toujours un truc en plus, un petit décrochage qui en réhausse le charme. Des moments saillants, il y en a beaucoup, d’un “Midnight” fiévreux à des moments plus sensuels (“Dans le doute”, “Adieu l’enfance”…), sans jamais se départir d’un équilibre parfait entre le personnage de La Féline et la générosité d’Agnès Gayraud, très souriante et heureuse de sa présence. Bravo à elle, qui a confirmé tout le bien que je pensais de sa musique.
Plus souvent partagé sur les prestations live d’Aline, malgré mon goût prononcé pour la musique du groupe, j’ai été agréablement surpris par les auteurs de “La vie électrique”. En pleine forme, un peu toujours dans le registre cabotin / ironique, Romain Guerret et ses acolytes jouent le jeu, alignent avec décontraction et un peu d’attitude punk quelques jolies perles. Ils semblent donc heureux de jouer à nouveau au French Pop, mais aussi bien en jambes (“Elle m’oubliera”, “Voleur”, n’hésitant pas à enchaîner “Je bois et puis je danse” derrière “La vie électrique”, pour faire monter l’ambiance d’un cran. Malgré l’épisode du spectateur un peu ivre/casse-pied évacué (un peu excessivement) par la sécurité, Aline ne perdra jamais le nord, et outre la très belle “Les mains vides” (sans doute une de leurs plus émouvantes chansons) conclura sur la toujours énergisante “Les éclaireurs”, ce qui permet au groupe de décrocher sans souci une mention bien pour cette belle conclusion au French Pop, qu’on a déjà hâte de retrouver en 2016.