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Concerts

Bertrand Belin au Krakatoa, Mérignac, le 03/12/2015

Pas de première partie, mais il y a pourtant de l’animation avant la montée sur scène de l’auteur de “Cap Waller” : de quoi manger, de quoi boire, le tout en profitant de lectures musicales ou encore d’un court métrage (“Low”, de Renaud Cojo, où apparaît justement Bertrand Belin). J’arrive un peu quand ces réjouissances sont finies, mais frais et dispo pour le Français.

Bertrand Belin

Je gardais un souvenir, sinon ému, en tout cas très convaincant de la dernière venue de Bertrand Belin à Bordeaux il y a presque deux ans, et les premières minutes posent les mêmes bases : il y a dans les chansons comme dans le personnage suffisamment de folie, d’originalité pour amener tout le monde dans son univers unique. Sans surprise, “Parcs” et “Cap Waller” sont les plus représentés des albums dans la setlist, avec “Je parle en fou”, “Que tu dis”, “Folle Folle Folle” ou “Peggy”. Mais loin d’être rectiligne, la trajectoire du concert épouse les soubresauts du caractère fantasque du chanteur. Il est là, mais semble parfois décrocher, s’adressant à la foule d’une manière si décalée, si propre à lui qu’elle laisse quelques personnes un peu décontenancées.

Bertrand Belin

J’aurais pourtant tendance à penser que cela contribue au charme de la musique de Bertrand Belin, qui amène un contraste des plus réussis avec ses textes très littéraires, mais dont la fluidité constante surprend. Elle est aussi rendue possible par la finesse du groupe qui accompagne le chanteur : si ce dernier “s’égare”, semble digresser, alors il attend calmement, avant de relancer la machine toujours au bon moment. Ces quatre musiciens sont au service de mélodies qui offrent à imaginer de grands espaces ou de petites histoires, parfois les deux, avec un peu d’americana, de soupçon de blues, avec cette fausse raideur dans l’ensemble. Ce sentiment se renforce quand Bertrand Belin se lance dans de petites saynètes théâtrales au possible, lui qui tend pourtant l’oreille pour guetter les réactions de la foule. Il en fait peut-être trop, mais j’avoue être très réceptif à ce personnage fantasque à la voix de velours, qui conte des histoires passionnantes (“Hypernuit” est toujours renversante, mais “Altesse” ou “Entre les ifs” sont elles aussi d’une profondeur réjouissante).

Bertrand Belin

C’est au bout de deux rappels, exécutés de main de maître, que Bertrand Belin quitte la salle, sous des applaudissements que son groupe et lui n’ont certainement pas volés. Ce drôle de zèbre a définitivement une place à part sur la scène française, et aucun spectateur ce soir-là ne s’en plaindra.

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