Qu’avez-vous écouté en 2020 ? Comment avez-vous vécu cette année si particulière ? Et qu’attendez-vous de 2021 ? Des musiciens et acteurs du monde de la musique nous ont répondu.
Stéphane Auzenet alias OZ (The Reed Conservation Society)
“Ep2” paru cette année
Cette année 2020 a été tellement particulière… Pas ou peu de concerts… les Tindersticks en janvier, et puis c’est tout. Avec The Reed, on a quand même fait un concert en maison en septembre !
Par contre, Il y a eu beaucoup de beaux disques. J’ai beaucoup aimé le Adrianne Lenker, hyper lumineux et sobre, Andrea Laszlo de Simone, élégiaque et rêveur…
Sinon, j’ai acheté des intemporels pendant le Record Store Day : un best-of des Goblin, tellement moderne et cinématographique, et une double compilations de singles des Television Personalities. Idéal pour danser : ça joue faux, ça chante faux, c’est jamais en place mais c’est parfait !
Mon année aura été aussi marquée par l’écoute intensive de Fleetwood Mac ! Quel groupe incroyable ! La période 70’s est géniale : “Tusk”, l’album éponyme, “Rumours ”, et puis tant d’autres. Même les albums des 80’s sont très bons malgré une production assez datée ! La bande-son parfaite pour courir, pour rouler, pour écouter au casque …
Le confinement, nous aura permis de prendre notre temps, Mathieu et moi, de nous isoler dans une maison proche de l’océan et d’enregistrer sept nouveaux titres pour le “Ep3” de The Reed Conservation Society. Un de mes moments forts de l’année.
En 2021, j’aimerais aller voir des concerts le plus possible et jouer le plus possible ! Et retourner dans les bars avant ou après les live.
C’est pas grand-chose, mais c’est mon quotidien depuis tellement de temps !
Si seulement Mark Kozelek pouvait faire un bon album ! Un autre album de Noël de Low, revoir Spiritualized sur scène ! Du Jonathan Richman en intraveineuse, un album inédit du Velvet. Un nouveau film ou une série de Lynch, la reformation de Piano Magic et de Tarnation.
Sinon, du côté des films, j’ai détesté “Tenet”, trop speed, trop superficiel, trop technique, et j’ai adoré “Okja” de Bong Joon-ho que je n’avais jamais vu. Très puissant et intense, j’ai versé ma petite larme. Et j’ai revu tout Cronenberg et Peckinpah : magnifique et flippant.
Et puis, en livres, j’ai rattrapé mon retard et “L’Arbre monde” de Richard Powers m’a retourné la tête. Il m’a donné envie d’écrire un concept album sur les arbres ! “Le Consentement” de Vanessa Springora est très fort et tellement dur. Et puis “Quatrevingt-treize” de Hugo que j’ai adoré relire. Je l’ai lu comme un roman d’aventures.
J’oublie certainement beaucoup de choses, mais voilà mes moments importants pour 2020 et mes espoirs pour 2021.
Erin Moran (A Girl Called Eddy)
Album “Been Around” sorti cette année
Album de l’année : le mien !
Evénements de 2020 : avoir chanté un duo avec Todd Rundgren et chanté sur une nouvelle chanson de Burt Bacharach ! Les deux doivent sortir prochainement.
Souhait pour 2021 : que tout le monde reste en bonne santé physique et mentale.
Nicolas Sauvage
Auteur des biographies “Paul Weller et l’Angleterre pop” et “Damon Albarn, l’échappée belle” parue cette année (Éd. Camion Blanc)
Un disque : “Feral” du groupe australien RVG
Tout a commencé par cette indication géographique ; l’Australie donc ! Celle qui, grâce à quelques marottes personnelles, alimente nos fantasmes de mélomanes depuis quelques décennies. Celle des Easybeats, des Saints, de Radio Birdman, des Bad Seeds, des Go-Betweens, de You Am I ou, plus récemment, de Courtney Barnett. Il y a également ce nom qui intrigue, qui semble appartenir au passé et qui, forcément, nous entraîne partout et nulle part à la fois. RVG ? On aura un court instant songé à l’effroyable Michael Schenker Group (MSG) avant de hausser les épaules et de se convaincre que non ! Cet ami qui envoie un lien accompagné d’un lapidaire “ça devrait te plaire” ne peut pas suggérer l’un de ces vilains groupes de hard rock qui court en vain derrière le génie des frères Young. On se souvient également du sorcier Rudy Van Gelder dont les initiales sont apposées sur nombre de classique Blue Note que nous chérissons depuis des lustres. Ici encore, c’est une fausse piste. RVG (pour Romy Vager Group) n’aura finalement besoin d’aucune caution ou référence pour exister pleinement et s’imposer comme une évidence dès les premières écoutes.
Il faut bien l’avouer, au rayon indie pop, les tentatives se succèdent, mais rarement un disque ne vient bousculer un rayonnage bien fourni. Le temps, parfois synonyme d’une exigence déraisonnable, nous a probablement fait manquer quelques beaux rendez-vous, persuadé d’avoir déjà entendu ça… En mieux ! Autant le confesser, la hype saisonnière (pléonasme !) qui accompagne bien souvent les dernières sensations indie nous a rendu suspicieux et sans doute un peu blasé depuis quelque temps. Shame, Fontaines D.C., Working Men’s Club font de bons disques, mais ceux-ci viendront-ils modifier l’édifice érigé par les Smiths, Echo and The Bunnymen, Pale Fountains, Stone Roses, My Bloody Valentine et autres Teenage Fanclub auxquels nous tenons si profondément ? Sans doute pas mais l’essentiel n’est pas là. Chaque saison, un ou deux newcomers viennent ajouter quelques jolies feuilles à ce vieil arbre vénérable qu’est devenu l’indie pop. Avec un vocabulaire que nous pensions connaître par cœur, Lucy Dacus s’était ainsi invitée dans nos discothèques personnelles, rivalisant tardivement avec une obsession vécue précédemment face à quelques œuvres de PJ Harvey. Ce n’est qu’un exemple bien sûr car, ramener à un quinquennat, nos rayons indie auront finalement accueilli autant de jeunes pousses que de rééditions de héros vénérés.
“Feral”, le deuxième album de RVG s’est imposé avec davantage de force que ses collègues de l’année. A la découverte de cette voix qui allie puissance, fragilité et expressivité, le frisson aura ravivé le souvenir d’un choc ressenti à l’écoute du premier Arcade Fire. Ce n’est pas rien. Mais RVG dispose d’atouts qui lui permettent de rayonner au-delà de la voix singulière de Romy Vager. Un sens mélodique hérité des Go-Betweens, une gestion des dynamiques qui a retenu les leçons du post-punk liverpudlien, une mise en son irréprochable et surtout, quelques mini-classiques qui, à l’image du troublant “Alexandra” laissent entrevoir un avenir radieux. Plusieurs voix se sont élevées pour dire tout le bien que mérite ce disque de RVG. Si vous êtes assidus à ces pages, vous avez probablement pris le temps de lire les mots justes laissés par Vincent Arquillière il y a quelques mois. Une chronique par le menu n’aura donc pas sa place ici. On se contentera d’indiquer que cet album de RVG est parvenu à bousculer cette fâcheuse habitude qui consiste à penser que l’indie pop m’a déjà donné tout ce qu’elle pouvait…
Alors on se prend à rêver de grandeur pour ces Australiens que nous connaissons depuis si peu de temps. On se dit qu’un jour peut-être, le groupe de Romy Vager livrera son propre “16 Lovers Lane”. On se dit surtout que si “Feral” ne devait être que leur “Before Hollywood”, ce serait largement suffisant pour baisser sa garde, remballer son cynisme et surtout, ne pas manquer ce nouveau rendez-vous.
Mélissa Phulpin, responsable du label Tomboy et attachée de presse
Disques les plus écoutés :
1. Fiona Apple – “Fetch the Bolt Cutters”
2. The Strokes – “The New Abnormal”
3. Roddy Rich – “The Box”
4. Princess Nokia – “Everything Sucks”
Les événements marquants :
Ma nouvelle vie à Biarritz où j’ai déménagé tout début janvier 2020 (meilleure décision de ma vie).
Les espoirs pour 2021 :
Un lieu culturel sur la côte basque et un album de PJ Harvey.
Orouni, chanteur et musicien pop
Dernier album paru : Partitions (December Square, 2019)
Disques les plus écoutés :
1. Chico Buarque – période 1966-1976
2. Dirty Projectors – “5 EPs”
3. Juniore – “Un, deux, trois”
Depuis un certain temps, je voulais écouter tout ce que Chico Buarque avait enregistré, et je l’ai fait, patiemment et méthodiquement pour la période 1966-1976 : je n’ai pas du tout été déçu.
Événements marquants :
Tous les mouvements de résistance à l’oppression et la domination, en particulier les manifestations du printemps et de l’été aux États-Unis après la mort de George Floyd et celles qui ont eu lieu en France sur le même sujet ainsi que contre le projet de loi Sécurité globale.
L’assassinat de Samuel Paty. La défaite de Donald Trump.
Espoirs pour 2021 :
J’espère qu’il existera au moins autant de disquaires qu’en 2020 et que les concerts pourront reprendre. À titre personnel, j’aimerais pouvoir sortir des chansons, car je commence à en avoir un certain nombre en stock. Enfin, j’espère qu’on pourra de nouveau se prendre dans les bras.
Barbara Carlotti
Album “Corse île d’amour” paru cette année
Les disques aimés en 2020 :
1. Franky Gogo – “Fast and Too Much”
2. Andrea Laszlo de Simone – “Immensita”
3. Bonnie Banane – “Sexy Planet”
4. Bertrand Burgalat – “Vous êtes ici”
5. David Numwami – “Le Fisc de l’amour”
6. Von Pourquery – “All the Love”
Les événements marquants :
Il serait trop long de s’épancher sur la pandémie et ses conséquences, ou sur la tendance autoritaire du gouvernement Alors je ne parlerai de ce qui me touche de près :
– la sortie de mon premier court métrage-comédie musicale “Quatorze ans”, ainsi que de sa bande-son.
– la sortie de mon album “Corse île d’amour”.
– la si triste disparition de Christophe et l’hommage à Christophe dont j’ai fait la direction artistique au Théâtre auditorium de Poitiers (TAP) avec Juliette Armanet, Malik Djoudi, Philippe Katerine, qui sera diffusé en janvier 2021 sur Arte Concert.
Les espoirs pour 2021 :
– La réouverture des salles de concerts, cinéma, théâtre, lieux d’exposition, et des piscines.
– Le prochain film de Bertrand Mandico, “After Blue”.
– Le prochain film de Serge Bozon, “Don Juan”, une comédie musicale.
– Le prochain film d’Axelle Ropert, “Petite Solange”.
– Les prochains concerts de Von Pourquery.
The Pirouettes
Actu : On ne présente plus Vickie Chérie et Leo Bear Creek, aka The Pirouettes : après deux albums (Carrément Carrément en 2016, et Monopolis deux ans plus tard), d’incessantes tournées en France et à l’étranger (avec en point d’orgue des concerts triomphaux à la Cigale et à l’Olympia), et de nombreuses collaborations, le duo est devenu l’une des figures les plus originales et attachantes de la pop hexagonale d’aujourd’hui. Nous avions d’ailleurs rencontré The Pirouettes pour une session live dès 2014.
Mais après l’annonce de leur séparation amoureuse, on pouvait craindre la fin de l’aventure musicale. Pas du tout, les Pirouettes nous reviennent avec un double album dont le titre, Equilibre, n’est pas anodin. « Equilibre tu es un rêve inatteignable », dit la chanson éponyme. Et pourtant, l’équilibre, c’est bien l’objectif que se sont fixé Vickie et Leo pour continuer à travailler ensemble : un idéal de sagesse vers lequel se tourner, au cœur de la tourmente, et qui a guidé les Pirouettes, aussi bien en tant qu’artistes qu’en tant qu’êtres humains, au cours de l’écriture et de la composition de ce nouvel album. Il aura fallu en effet réapprendre à travailler ensemble, laisser de côté conflits et sautes d’humeur, et trouver des ressources de calme et d’empathie. Mais leur volonté commune d’écrire un nouveau chapitre, de continuer à raconter leur histoire, pour eux comme pour les fans, a abouti à un résultat aussi généreux que touchant.
Ce nouvel album, équilibre oblige, prend davantage en considération les désirs de chacun et donne plus de voix à l’expression personnelle. Fini l’unisson, chacun peut désormais à tour de rôle exprimer son point de vue et affirmer sa personnalité. L’idée du double album est tout à fait symbolique : produire deux ensembles égaux et mettre neuf chansons de chaque côté de la balance.
Les Pirouettes seront au Trianon le 24 février… si tout va bien ! L’album sort le 5 février.
Voilà le top albums 2020 de The Pirouettes. Il y en a six, mais comme Les Pirouettes sont deux ça fait trois chacun !
Justin Bieber – “Changes”
C’est l’album que l’on attendait le plus en 2020 et sans doute celui qu’on a le plus écouté. On adore sa production très minimale qui contraste avec Purpose l’album précédent. Justin est un interprète de légende et il a l’air bien dans sa vie en ce moment, ça fait plaisir.
Aya Nakamura – “Aya”
Une grande artiste de variété. On pense que dans 20 ans, elle aura le prestige et le rayonnement de France Gall aujourd’hui.
Empress Of – “I’m Your Empress Of”
Une artiste latino-américaine qu’on suit tous les deux depuis son premier album et qui ne nous a jamais déçus. C’est super original ce qu’elle fait, tout en étant très pop. Elle n’a pas le succès qu’elle mérite.
Oklou – “Galore”
Franchement il faut écouter cet album, c’est tout doux. Impressionnant que ce soit une Française qui fasse cette musique.
Davoniro – “Oklou”
Le premier album du mixeur de tous nos albums, Stéphane “Alf” Briat. C’est super chelou mais ça passe trop bien à écouter à la maison. Vickie a illustré chaque morceau de l’album en vidéo et c’est dispo sur YouTube.
The Strokes – “The New Abnormal”
Grand retour des Strokes ! C’est mélancolique, super touchant, et quasi à la hauteur de leurs premiers albums.
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