L’illustration de Philippe Caza que l’on peut voir sur l’intégralité de la pochette du second album de Slift, “Ummon”, ravivera à n’en point douter quelques souvenirs chez les amateurs de bandes dessinées, de science-fiction et de jeux de rôle (mais si, rappelez vous, “Le Monde d’Arkadi”, “Gandahar” et la pochette de la cinquième édition de “L’Appel de Cthulhu”). Une esthétique à la “Métal hurlant” qui convient parfaitement au rock psychédélique et garage des Toulousains de Slift, dont les riffs hallucinatoires explorent les derniers limbes de nos cerveaux depuis quelques cycles temporels incertains.
“Ummon” ouvre le disque avec une belle montée – guitare bloquée sur un riff, basse planquée en embuscade avant de lancer la charge avec la ferveur du mitrailleur au premier rang, batterie qui s’intensifie tranquillement avant de partir pleine balle –, et se termine par les treize minutes cataclysmiques de “Lions, Tigers and Bears”. Entre ces deux morceaux, nous aurons eu droit à de longs titres rock, hypnotiques, généreux, comme des rites païens improvisés en arcanes majeurs. Les guitares s’aventurent aux confins de l’espace, la basse est répétitive en diable et la batterie alterne rythmiques “motoriks” et destruction de fûts en bonne et due forme. Une expérience aux mille excès sonores qui ravira jusqu’à l’épuisement les auditeurs les plus fous.
On finira donc notre écoute de ce surrégime sonore épuisé mais heureux, avec l’impression d’avoir touché aux limites de ces distorsions ultimes. A défaut de les voir en concert – cela viendra, on l’espère –, on se contentera de passer “Ummon” à fond dans notre salon, en sautant dans tous les sens, sans oublier de hocher la tête en rythme. Car il y a dans cette folle électricité toute une vie transfigurée.
Ummon
It’s Coming…
Thousand Helmets of Gold
Citadel on a Satellite
Hyperion
Altitude Lake
Sonar
Dark was Space, Cold were the Stars
Aurore aux Confins
Sơn Đông’s Cavern
Lions, Tigers and Bears