Débarrassé de son avatar Botibol, et dans la langue de Molière, Vincent Bestaven va droit au but avec un album d’une beauté rare.
Les amateurs de la scène bordelaise connaissent depuis très longtemps la grande carcasse de Vincent Bestaven, songwriter doux qui a su faire le bonheur de celles et ceux qui arpentaient les caves de la capitale girondine. Le musicien, ces dernières années, jouait dans de nombreuses formations (Arthur Satan, Willis Drummond, Rüdiger…) mais semblait avoir remisé ses projets personnels. Jusqu’à l’annonce de ce retour, sous forme de mise à nu (ou presque) : seul, mais aussi en français.
Ce nouveau disque, cette renaissance, c’est aussi une révélation, tant Vincent Bestaven fait étalage d’un talent singulier ici en France. Le Bordelais nous offre ainsi douze titres de haute volée, luxuriants à souhait, qui se teintent autant de pop 70’s que d’une variété française élégante, sans oublier des racines folk et des influences bossa nova parfaitement dosées. Après une entrée en matière très rythmée (un “Bonjour” de 20 secondes), on rencontre un généreux auteur, qui assume avec brio l’usage de la langue française, tour à tout charmeur, charnel, qui s’appuie sur une instrumentation riche (claviers inventifs, trompette gracile, cordes…) sans jamais se perdre.
Les débuts sont assez pop sur un “Terrain militaire” sensuel, avant de mêler bossa, folk et pop sur le magnifique “Géant quotidien”, et tout le disque va osciller de manière impeccable entre diamants folk (“Animal”, “Le Contraste” aux arrangements de cordes superbes, “Le Bateau”) et pop un brin cabossée (“Le Fou”, “Le Truc”) ou plus primesautière (“Ouais”), avec toujours beaucoup de grâce et d’élégance. La parfaite synthèse de ces influences, de cette générosité, elle se concrétise sur “Trésor”, immense, dont les arrangements font du morceau un classique de pop intemporelle. Voilà un titre qui aurait bien convenu à ce disque, qui porte en lui la marque d’un géant !
Retrouvez l’interview que nous avait accordée le musicien à l’occasion de la sortie du disque :