La 25e édition du festival Les Femmes s’en mêlent démarre ce mercredi 23 octobre avec le concert événement de Kim Gordon à l’Elysée Montmartre, à Paris. Suivront une trentaine de soirées dans toute la France, du 9 novembre au 1er décembre. Stéphane Amiel, créateur et programmateur de ce festival au féminin, répond à quelques questions.
Quelle était ta motivation quand tu as lancé le festival en 1997 ?
Stéphane Amiel : Je ne parlerais pas de motivation mais plutôt d’envie et de désir. Celui de voir des groupes avec des femmes sur scène en célébrant les voix et les personnalités qui nous avaient marqués. Nous étions une petite équipe en association et les deux garçons de la bande (Jean-Luc Balma et moi) étions particulièrement sensibles aux voix féminines. Cela a donc été un premier élan commun que nous avons voulu présenter le 8 mars 1997.
Considères-tu que la place des femmes dans l’industrie musicale a évolué dans le bon sens depuis ? Qu’elles ont acquis davantage de visibilité et que certains sujets sont enfin abordés ?
Tous les sujets sont maintenant sur la table et plus personne ne peut ignorer les chiffres de leur présence sur scène ou en backstage. Donc il était temps que “l’industrie musicale” ouvre les yeux et les oreilles sur les disparités et le manque de visibilité dans le milieu. On peut donc dire que cela avance et qu’il y a eu une prise de conscience. Par contre, avant que les choses bougent significativement cela va prendre un certain temps : depuis 2019, les chiffres de la présence des femmes augmentent très lentement.
Quand tu établis la programmation avec ton équipe, avez-vous plus de facilité qu’aux débuts du festival pour trouver des artistes féminines et des formations où les femmes sont prépondérantes (voire des groupes 100% féminins) ?
Alors oui, il y en a de plus en plus et malheureusement nous ne pouvons pas toutes les programmer. On constate qu’il y a de plus en plus de jeunes talents en France et c’est beaucoup plus évident et facile de programmer des artistes françaises.
La proportion des groupes 100 % féminins augmente mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus significatif. On trouve beaucoup plus d’artistes solo, ou en petite formule.
Ce que je constate aussi, c’est qu’il y a aussi de plus en plus de mixité dans les groupes et c’est à mon avis l’avenir et le modèle qui va émerger.
Kim Gordon (photo : Danielle Neu)
En matière de genres musicaux, la programmation semble de plus en plus variée. As-tu l’impression que les femmes investissent de plus en plus des univers où on ne les attendait pas forcément (hip-hop, metal, voire musiques extrêmes), au-delà de la pop, du folk et de la chanson ?
Tout à fait, et quand on s’appelle Les Femmes s’en mêlent, on doit essayer de rendre compte de la diversité des différentes scènes musicales. On a été précurseur en montrant des role models aux antipodes des attentes et des préjugés ou conventions, ça a toujours été une volonté de notre part. C’est aussi pour nous une façon de se questionner tout le temps et de se réinventer.
Aimerais-tu proposer encore plus de diversité, avec notamment des artistes « non-occidentales », venues d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud… ?
Il y a souvent de multiples nationalités au festival, mais c’est vrai que nous sommes plutôt dans une sphère “indie” depuis le début de notre aventure et donc plus tournés vers l’Occident. En tout cas, oui, il y a une volonté d’ouverture vers d’autres territoires. Nous avions d’ailleurs créé des ponts avec le Mexique en 2011.
Y a-t-il des artistes dans la programmation de cette année que tu conseillerais particulièrement aux lecteurs de POPnews avides de découvertes ?
J’aime la jeune vague française qui revient vers des esthétiques musicales qui ne sont pas les plus à la mode en ce moment et qui innovent, donc partout en France on aura la chance de découvrir de jeunes groupes et talents comme Laventure, Dog Park, Madam, Carriegoss, eat-girls, Maddy Street, Akira & Le Sabbat, En Attendant Ana…