Tout laisse à penser que les Fontaines D.C. comptent passer à un stade supérieur avec leur quatrième album, “Romance“.
S’il est indéniable que “Romance“ porte en lui une ambition nouvelle, une question demeure : comment Fontaines D.C. va-t-il gérer ce nouveau virage ? Tout juste sorti de la tournée de “Skinty Fa“, le groupe est passé de Partisan à XL Recordings avant de s’entourer de James Ford à la production (Arctic Monkeys, Depeche Mode et plus récemment Beth Gibbons). C’est en écoutant la série de singles diffusés en début d’année que l’on a découvert un nouvel aplomb, un son plus ample, plus pop, plus ouvert. Et ce n’est pas l’ouverture “Romance“ / “Starbuster“ qui viendra changer cette impression, tant l’enchaînement de ces deux morceaux semble parfaitement taillé pour les festivals de rocks estivaux.
Il est aussi probable que la sortie du premier album en solo du leader Grian Chatten ait influencé le virage plus pop de “Romance“. Son chant trouve ici de nouvelles tessitures. Il se nourrit du phrasé hip-hop tout en prenant une direction plus mélodique. Une tournure évidente à l’écoute de “In the Modern World“, “Horseness Is the Whatness“ ou encore “Sundowner“, compositions sur lesquelles se greffent des arrangements de cordes et une boîte à rythmes, et qui marient une basse post-punk avec un flow versatile. On ne sera guère surpris si ce mashup plaît autant à la vieille garde qu’aux nouvelles générations.
Plus loin, Fontaines D.C. prend un autre chemin en jouant la carte indie avec des titres comme “Bug“ ou “Motorcycle Boy“. Une poignée d’accords de guitare acoustique, un tempo sur quatre temps, une petite ligne mélodique : il n’en faut parfois pas beaucoup plus pour être conquis par l’immédiateté pop de cette musique. Et il ne fait aucun doute qu’un titre comme “Favourite“, placé très astucieusement en dernière position d’un disque qu’on imagine déjà dans les tops de fin d’année, a tout pour faire fondre le cœur des fans de Lawrence Hayward (Felt) et Christopher Owens (Girls).
“Romance“ se referme sur ces dernières notes et dresse ainsi le portrait d’un groupe mélodique, pop, ambitieux et parfaitement en phase avec son époque. On repense à leurs clips, et on voit bien que Fontaines D.C. capture là quelque chose des années 2020. Ces onze titres sont à la fois des hymnes urgents et des chansons parfaitement mûries, des danses introspectives et des mises en abîme immédiates. Nous ne sommes plus à un paradoxe prêt : Fontaines D.C. a su dépasser son succès, espérons qu’ils perdurent à jamais.