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Disques

Mia Loucks – Sisko Sisko Demos

Dream pop bricolée de chambre : l’intimité à la lorgnette.

Aux antipodes des grandes sorties orchestrées par les majors (???) et des titres que l’algorithme de votre pourvoyeur de musique numérique vous tire au petit bonheur la chance, Gilgondo Records édite pour notre (et votre ?) plus grand bonheur 200 cassettes de l’artiste la moins exposée du monde contemporain : Mia Loucks. L’éditeur la décrit comme une « bedroom artist for bedroom listener », ce qui ne parlera qu’aux rejetons des boomers (les vrais), biberonnés à la cassette, aux radios et à l’écoute confinée des chambres refuges anticapitalistes (et anti-télé).

Mia Loucks n’a évidemment pas connu cet heureux temps de contre-culture et on l’imagine un peu agoraphobe, technophile par obligation, recluse volontaire dans son monde de création personnelle avec pour seuls compagnons :  une guitare, une basse, un clavier, un micro et un laptop. Un tambourin aussi.

Pour ne pas déranger ses parents ou ses colocs, elle ne fait pas trop de bruit. D’ailleurs, c’est pas le genre. Une voix voilée, quelques mots pas plus haut les uns que les autres. Mia n’est pas là pour épater la galerie mais (dé)couvrir son monde intime. On retrouvera une authenticité et une immédiateté chaleureuses qui nous rappellent celles de Kimya Dawson… mais avec un peu (un tout petit peu) plus d’accords. Il y a aussi une atmosphère ouatée qui pourrait évoquer les souvenirs de Mazzy Star ou de Low… en très lo-fi mais l’idée d’engourdissement et de psychédélisme, tendance codéine-édredon, est là, avec les moyens du bord, dirons-nous. 

Pour guider votre écoute, on vous conseille d’arpenter This Garden et de suivre la basse sourde qui gronde en fond de mix et illumine le caractère évanescent typique de ce type d’enregistrement.

On vous conseille de faire la sieste sur Don’t Know Why, réminiscence des Moldy Peaches voire de Kimya Dawson solo, le soupir en plus (pas facile d’être une star dans sa chambrette ou sur les micro-scènes du monde), et enfin de terminer par Better, la bien nommée avec des chants d’oiseaux qui rivalisent avec le parler-soupirer de la dame. En plein air, comme disait Murat.

Restez attentif avant de sombrer chez Morphée : une petite annexe prolongée se trouve en fin de bande, à l’ancienne comme quand on écoutait des pistes secrètes sur les CD. Elle est, pas de hasard, mieux enregistrée, comme un rehaut de couleur. Pastel. Forcément.

Sans être révolutionnaire, Mia Loucks nous parle et nous remue, du moins nous fait dresser l’oreille, surtout à l’aurore et au crépuscule. Entre Jessica Pratt et Mia Loucks, notre choix est fait.

Avec l’aide de Johanna D.awson Creek.

Siska Siska Demo” est sorti en cassette et numérique chez Gilgondo Records le 26 janvier 2024.


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