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Concerts

Olivier Rocabois, Café de la danse, Paris, 23 juin 2024

Il faut sans doute une certaine dose d’inconscience pour oser faire aujourd’hui de la pop sophistiquée chantée en anglais et pétrie d’influences britanniques au pays de Jul et d’Aya Nakamura. C’est se condamner, sauf miracle, à ne toucher qu’un petit cercle de mélomanes, amateurs de mélodies riches et d’arrangements audacieux, alors qu’on a pour modèles des géants comme Brian Wilson, Paul McCartney ou David Bowie. Olivier Rocabois, qui est tout aussi fan de l’obscur et génial John Howard, en est forcément conscient, mais ne s’imagine pas faire autre chose et revoir à la baisse ses hautes ambitions. Une ténacité qui finit par payer : son nouvel album “The Afternoon of Our Lives” a reçu un excellent accueil, y compris dans la « grande » presse, l’artiste est de plus en plus reconnu par ses pairs, et pour sa release party, le Café de la danse, essentiellement en places assises ce soir-là, est bien rempli. Son fan club officieux, qui le suit depuis maintenant quelques années, a bien sûr répondu présent.





Après une première partie assurée par son ami Sébastien Souchois alias Bastien Devilles, qui a signé les arrangements de cordes du disque (chose amusante, c’est Olivier qui ouvrait pour lui en solo il y a un peu plus d’un an au même endroit), le groupe entre en scène à 20h30 pétantes, signe que le concert va être généreux en temps – et pas seulement. Ironiquement, alors qu’on est entré depuis quelques jours dans l’été, il commence par… “The Coming of Spring”, l’un des morceaux phares du nouvel album. Suivent d’autres extraits du disque, mêlés à des titres d’“Olivier Rocabois Goes Too Far” et du EP “The Pleasure Is Goldmine”, notamment le magnifique “Watch the Seasons Come and Go”, ou même des compositions plus anciennes comme “Green Green Gardens” ou “Worship Me Despise Me” (de son projet All If en 2017). Après avoir longtemps joué seul ou en duo avec le fidèle et virtuose Jan Stümke, qui l’accompagne toujours aux claviers et piano, le Breton (d’origine) a trouvé des musiciens prêts à emmener ses chansons encore plus loin : François Dorléans à la guitare, Rémi Alexandre à la basse et Guillaume Glain à la batterie. Un quintette (augmenté sur quelques morceaux d’un joueur de vibraphone) parfaitement soudé et où le plaisir de jouer est évident.





Olivier et son groupe semblent pourtant un peu sur la défensive au début du concert, comme s’ils voulaient éviter le moindre faux-pas. Le grand bavard nous annonce même qu’il ne va pas trop parler dans un premier temps, peut-être pour rester concentré (il se rattrapera par la suite et nous régalera de ces sorties freestyle dont il a le secret). Heureusement, les musiciens se détendent au fil des morceaux, et le concert ne fera que monter en intensité pendant 1h45 (quand même !). D’autant que notre hôte a mis les petits plats dans les grands : après un intermède en solo (avec “Over the Moon”, bien sûr), il est rejoint par un quatuor de cordes (et même par un jeune joueur de sitar !) pour “Prologue / Trippin’ on Memory Lane”, puis c’est son groupe qui revient. “45 Trips around the Sun“, “My Wounds Started Healing” et “Hometown Boys“ sont ainsi joués par une dizaine de musiciens et chantés à pleins poumons, avec la démesure – et la qualité sonore – que ces chansons méritent. Triomphe ! Le doublé “I’d Like to Make My Exit With Panache / I Would Have Loved to Love You” marque la fin du concert, mais Olivier Rocabois et ses acolytes ne se font pas attendre longtemps, nous offrant encore trois morceaux en rappel. C’est l’hommage à Ringo Starr, “Arise Sir Richard”, qui conclut cette soirée en apesanteur, moment rare dans tous les sens du terme (un tel line-up ne pourra sans doute pas être réuni souvent), et consécration d’un songwriter hors normes et hors modes, un late bloomer qui nous offrira encore, soyons-en sûrs, de superbes floraisons.






Merci à Nicolas Favier.

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