Loading...
InterviewsTrack by Track

Track by track – “Why Does Anyone” de G.H. Francis

Un EP, quatre titres, et une écoute qui donne envie d’entendre la suite. G.H. Francis, le projet du Français exilé en Suède Gregory Hoepfner, se concrétise un disque déjà riche, qui assume sa production généreuse (signée Christopher Berg) et navigue entre synth pop exaltante et dansante (”Without You”), indie rock catchy sur riff de guitare bien senti (“The Only Queer in the Van”), ou de belles ballades, le tout sur des histoires personnelles. Que nous raconte donc son auteur ! On espère déjà une suite prochaine.

« C’est un morceau qui parle de perdre un proche, et cette espèce de fureur de vivre qui suit le deuil. L’envie de vivre plein d’aventures avant que la tragédie puisse frapper à nouveau, et la réalisation qu’on a pas tant de temps que ça devant nous. Alors on s’embarque dans une vie super intense, mais on vit toutes ces choses sans la personne qui nous manque, et ces nouveaux moments peuvent manquer de saveur quand on s’arrête de courir. Ce morceau était à la base une balade au piano, qui s’est ensuite transformée en morceau ”indie rock” upbeat, pour contraster avec les paroles et le mood assez triste. Christoffer Berg, qui a co-produit le morceau, a poussé l’idée encore plus loin, en restructurant tout comme un remix fou. Il a samplé plein de parties, ce qui a créé ce refrain loopé, presque French touch. J’ai totalement halluciné au début, mais ça a permis de pousser le côté émotionnel plus loin, et c’est au final très cohérent avec le thème du morceau. C’était génial de pouvoir bosser avec lui et de me faire un peu ”déposséder” du morceau, pour redécouvrir quelque chose de bien plus fort. »


« C’est un hommage à tous les groupes dans lesquels j’ai pu jouer, toutes les tournées qu’on a pu faire, avec ce point de vue d’être toujours ”le seul gay de la bande”. Ce qui n’a au final jamais été un problème pour les autres (en tout cas pas à ce que je sache), mais pour moi oui. C’est une pression que je me suis mise inutilement, et qui a gâché bien des moments. Dans le refrain les paroles disent : ”Wanted to come out to my friends, instead I made my face bleed” : c’est littéralement ce qui s’est passé pendant un concert de mon groupe Time To Burn, où je me détestait tellement de ne pas avoir la force de leur dire, que j’ai frappé ma tête sur la basse… bien sûr je me suis très vite calmé, car il avait du sang partout en 10 secondes, hop concert fini et direct chez les pompiers (c’était rien de grave, heureusement). Tout est venu d’un coup sur ce morceau, les petits accords du refrain, les paroles, la mélodie… comme si ça avait mijoté depuis des années et qu’il fallait juste sortir le plat du four. J’ai beaucoup repassé les sons dans des amplis sur ce morceau, pour avoir ce côté “je vais voir un groupe jouer dans une cave”. J’avais envie qu’on ait l’impression d’être à un concert de potes, où t’es là un peu par hasard, et d’un coup il y a une chanson efficace qui t’attrape sans crier gare. Un truc très “facile” et sucré, dans un contexte qui ne l’est pas du tout. »


« Un morceau qui parle d’être loin de plusieurs choses : loin de la personne que tu aimes, car tu es à la poursuite d’un rêve qui vous éloigne géographiquement ; loin du rêve que tu poursuis, pour lequel tu te sens de moins en moins légitime. Et aussi de légitimité par rapport à l’envie d’appartenir à une “communauté”, où tu as le loisir d’aller et venir, mais sans jamais y créer des vrais liens, une vraie maison. Ce morceau a eu mille vies. Diane Pellotieri de Pencey Sloe a chanté sur une de ces anciennes versions, qui était dans une autre tonalité. Quand je suis arrivé à la version finale, j’ai du beaucoup baisser le timbre de sa voix pour la “forcer” à la nouvelle version, ce qui crée cet effet un peu étrange où sa voix est beaucoup plus profonde que la mienne. Au final j’aime beaucoup le fait qu’on ait échangé le côté “masculin/féminin” de nos voix, ce qui permet de tordre un peu le poncif ballade en duo. »


« Ce morceau est dédié à un ami très spécial, qui n’est aujourd’hui plus de ce monde. Le message du morceau est globalement “tu ne peux pas t’aider seul”, dans le sens “il faut vivre/parler avec les autres pour sortir de sa tête et de ses tourments”. Pour certaines personnes, c’est malheureusement une étape insurmontable. Ce morceau a été composé dans un rêve. C’est toujours difficile de retranscrire ensuite ça dans la réalité, mais pour ce morceau, je suis quasi certain d’avoir retrouvé la mélodie du rêve. C’est une mélodie que je n’aurais jamais pu composer normalement. L’impression que quelqu’un d’autre m’a donné un fil rouge et que j’avais juste à le suivre naturellement. Évidemment, dans nos rêves, on est aussi toutes les autres personnes avec lesquelles on interagit, donc c’est juste une excuse pour sortir un peu de ses habitudes, ce qui est très utile et plaisant.”


Merci à Grégory Hoepfner et Adrien Durand.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *