Compositeur qu’on peut qualifier de « post-minimaliste », dans le sillage répétitif et ambient de Brian Eno ou Gavin Bryars, William Basinski, né en 1958 à Houston (Texas), a évolué dans l’underground new-yorkais des années 80 – et en a gardé des looks souvent étonnants. Il crée depuis cette époque des compositions fantomatiques et mystérieuses, d’une étrange beauté élégiaque, souvent à partir de boucles magnétiques de field recordings où le souffle et les bruits parasites font partie intégrante de la musique. Egalement clarinettiste, saxophoniste, artiste sonore et artiste vidéo, il reste avant tout connu pour “The Disintegration Loops”, œuvre fleuve à l’histoire peu commune.
En 2001, Basinski décide de transférer sur support numérique pour les sauvegarder des bandes magnétiques de 1982 qu’il avait oubliées puis retrouvées. S’apercevant qu’elles se détériorent au fur et à mesure qu’elles déflient sur un Revox, il a l’idée d’enregistrer cette dégradation progressive du son. Il termine son travail le 11 septembre, jour des attentats du World Trade Center, et assiste à l’effondrement des tours depuis le toit de son immeuble de Brooklyn, filmant en fin de journée la fumée provenant du site.
Cette coïncidence temporelle fera des quatre volumes des “Disintegration Loops” – dont les pochettes reprennent des images de la vidéo qu’il avait tournée – l’une des évocations les plus poignantes et intemporelles du 11-Septembre.
On ignore ce qu’il jouera le 27 mai prochain au Café de la danse, et avec quel matériel, mais ce sera à coup sûr une expérience musicale unique. L’homme étant plutôt rare en France (on l’avait vu il y a huit ans à l’église Saint-Merri pour le festival Sonic Protest, vidéo ci-dessous), on ne peut que recommander de tenter l’expérience.
Le webzine de la pop