Sur son troisième album, la chanteuse américaine Lael Neale continue dans un registre simple et minimaliste, tout en apportant une plus grande variété dans sa musique, avec le risque de parfois moins toucher son auditoire.
En 2021, la chanteuse américaine Lael Neale avait su nous ravir avec son second album “Acquainted with Night”, recueil de chansons de poche presque lo-fi, calmes et recueillies, principalement composées à l’Omnichord – sorte de pendant électronique à l’autoharpe créé en 1981 et tombé depuis en désuétude – et surtout tournées vers l’intérieur au milieu du Los Angeles immense et agité où elle vivait alors, comme des chansons confinées avant l’heure. Après cet album enregistré en 2019, en avril 2020, c’est la planète presque toute entière qui se confinait pour de bon et elle faisait de même en retournant dans le petit village de Virginie où elle avait grandi. Là-bas, équipant une pièce de la ferme familiale en studio, elle a pu composer des morceaux qu’elle présente elle-même comme davantage tournés vers l’extérieur, cherchant à se reconnecter au monde.
Même si les intentions diffèrent par rapport au précédent album, tout au long des huit titres qui constituent ce nouvel opus, perdure une réelle constance dans la simplicité et le minimalisme encore une fois érigés en règle suprême. Rien de trop ou de superflu ne saurait venir s’imposer dans le processus de création de Lael Neale. Elle apporte tout de même une plus grande variété dans ses compositions, alternant morceaux rapides soutenus par une boîte à rythmes alors très présente (“I Am the River”, “Faster Than the Medicine”), titres plus calmes où elle s’accompagne seule à l’Omnichord (“If I Had No Wings”) ou au Mellotron (“Must Be Tears”) et incursions très convaincantes dans le registre de l’alt-country (“No Holds Barred”) voire de la dream pop (“Return To Me Now”).
Au milieu de l’album, se trouve également la pièce maîtresse de celui-ci avec “In Verona”, chanson de plus de huit minutes qui tranche avec ses voisines par son ampleur, sa plus grande complexité et ses paroles mystérieuses semblant refaire le match des Montaigu et des Capulet dans une perspective conciliatrice. Le disque se termine par un “Lead Me Blind” à l’ambiance cotonneuse marquée par le piano de l’Américaine et les jolis ornements de Guy Blakeslee. Déjà présent sur le précédent album, ce dernier apporte incontestablement, par sa production et ses arrangements, un vrai bénéfice à ce “Star Eaters Delight” plus riche mais toujours aussi simple dans sa facture.
Plus riche et plus inclassable que son prédécesseur, ce nouvel album de Lael Neale s’avère néanmoins moins touchant, l’impression d’intimité et de proximité ressentie avec “Acquainted With Night” étant clairement moins présente ici. Mais la chanteuse a le mérite d’avoir su faire évoluer sa musique, y apportant même une nouvelle part de mystère par moments. Reste à voir comment elle évoluera encore dans l’avenir : une suite que l’on scrutera avec grand intérêt.