« Elevé au son de la musique anglo-américaine des années 60-70-80. Batteur autodidacte, devenu chanteur parce qu’il manque toujours un chanteur dans un groupe, s’est progressivement mis à la guitare, toujours en autodidacte, pour participer plus activement à la composition de ses groupes. » Ainsi se présente le discret David Fakenahm, qui vient de sortir après une pause de dix ans un nouvel album, “Family Tree”, profond mais toujours léger dans son exécution. Y brille un songwriting soigné et classique entre pop, folk et rock qui constituait déjà la base de ses disques précédents, tout aussi autoproduits que celui-ci. Une belle réussite qu’il revisite pour nous, morceau par morceau.
Horoscope
« Je crois que je dois expliquer que j’ai commencé l’enregistrement de cet album en 2012. Pour diverses raisons, sa finalisation a pris beaucoup plus longtemps que prévu. Je savais qu’il serait marqué par une certaine nostalgie et avais à cœur de composer quelques titres qui viendraient ensoleiller l’album. “Horoscope” en fait partie. C’est une chanson résolument pop, avec un texte léger qui se moque gentiment de l’importance que l’on donne parfois à ces courtes prévisions que l’on espère rassurantes et excitantes. Le premier couplet est totalement personnel. Il exprime mon impatience à une époque où on n’arrivait pas a trouver « a place where we have some fun, where we belong » pour la famille agrandie. »
Trenches
« “Trenches” est l’une de ces chansons écrites en quelques minutes. Je crois que la musique m’est venue avec la mélodie presque immédiatement. Quant au texte, un des plus « cinématographiques » que j’ai écrits, les références sont faciles à trouver dès le titre. Je suis particulièrement content de la couleur de cette chanson avec un mélange de guitares acoustiques et électriques qui fonctionne très bien. »
Movin’ On
« Une des idées maîtresses au début de l’enregistrement du disque était de me passer de tout instrument virtuel. En particulier pour les instruments « forts ». Il fallait donc trouver un endroit où enregistrer la batterie, les guitares électriques et les basses. Utiliser pleinement le volume des amplis sans craindre la pétition lancée par les voisins. J’ai la chance d’avoir pu accéder à un lieu qui permettait tout ça. “Movin’ On” est peut-être le titre qui profite le plus de cette liberté. Une batterie hyperactive, des guitares électriques qui larsennent à la moindre occasion… et des cœurs pop, pop, pop. »
Lies and Guilt
« J’ai écrit cette chanson avant la fin de l’enregistrement de “One Thing Remains”, mon album précédent (2012). Je recherchais une forme de psychédélisme avec une chanson qui s’étirerait, sans le fameux refrain auquel je porte en général tellement d’attention. Un exercice contre-nature qui m’a bien plu. »
Plestin les Grèves
« 3 minutes 40 pour célébrer un lieu que je continue à idéaliser, à travers la mémoire. Je crois que je n’avais jamais été aussi premier degré dans l’évocation de l’intime, du personnel, du familial. Musicalement, au fur et à mesure de l’enregistrement, je rêvais d’une voix à la David Sylvian ou Chris Connelly. Mais ça ne fait pas partie de mes attributs. Alors j’ai définitivement marqué le titre du sceau Fakenahm, avec beaucoup de voix et des harmonies pas toujours académiques. »
Just A Boy
« J’ai trouvé la ritournelle de ce morceau au ukulélé, qui n’est pas mon instrument préféré. Je me demande si je n’ai pas développé une allergie à cause de son utilisation intensive dans la pub. Très vite, je me suis dit qu’il faudrait que la chanson bénéficie d’une rythmique forte sur les refrains pour lui donner un vrai relief. Je craignais que ce morceau soit un petit peu terne, sinon. Mais ça ne devait pas se faire au détriment de la ritournelle, qui reste présente en arrière-plan, malgré la concurrence avec les autres instruments. »
Worms
« Un texte sur la transmission. Sur mon précédent album, on m’a beaucoup parlé de Neil Young. Worms est probablement le titre qui trahit l’influence désormais inconsciente que le Loner a sur moi. Je n’écoute plus beaucoup ses albums, soit parce que je les connais par cœur, soit parce que je ne m’intéresse pas beaucoup à ses dernières réalisations. Mais je ne peux pas cacher l’importance qu’il a eue dans mon éducation musicale. »
Duties
« Je parlais de la recherche de légèreté un peu plus tôt. Une mélodie ultra-pop illustrée par un texte qui parle d’extraterrestres, de végétaux hybrides et d’apocalypse. Franck Black ne l’aurait peut-être pas reniée il y a 25 ans. »
On Our Own
« Le titre le plus personnel avec Plestin-les-Grèves. J’avais dès le début cette idée d’un pont où je pourrais laisser libre cours à mon goût pour les chœurs et les harmonies. Au final, le morceau a pris une tournure très californienne, très Laurel Canyon… Enfin, je crois… C’est un de mes préférés sur l’album. »
Undergo
« Un autre morceau au texte « cinématographique », avec une structure en deux parties. C’est mon fils qui joue les trompettes sur la longue fin. C’est un véritable musicien, à qui les années d’apprentissage classique ont servi à aborder tout nouvel instrument avec légèreté. Pour moi, autodidacte impatient, toucher un nouvel instrument est un défi et une future épreuve. Pour lui, c’est un jeu. Je suis très admiratif. La photo de la pochette a été prise par ma femme, pochette faite par ma fille. Sans oublier l’aide apportée par mon père au moment de mixer. Une entreprise familiale que ce “Family Tree” ! »
Good Fortune
« Pour cette chanson, Pierre [Schmitt], mon camarade bassiste, est passé à la contrebasse. Je me rends compte que je n’ai pas encore parlé de lui. Pierre m’accompagne sur tous mes albums depuis 15 ans. C’est un ami fidèle et un musicien talentueux. Ses lignes de basse apportent beaucoup à mes morceaux.
Il y a deux options pour finir un album. Climax ou anti-climax. J’opte généralement pour la deuxième solution. Je tenais vraiment à ce que le morceau reste à sa presque plus simple expression. J’ai retiré pas mal de pistes au moment du mixage pour ne laisser qu’un glockenspiel discret, et quelques cœurs pour garder l’essence folk du morceau. Ce n’est pas toujours facile de résister à l’infini offert par la technologie. Mais parfois il est bon de se rappeler que less is more. « Let us never forget what it took us, let’s praise the days of good fortune. » »