Cœur de géant pour un beatmaster lo-fi. Ali Veejay continue sa déconstruction de la pop, du rap voire du doo- wop sur un (très court) album de soul music inspiré hyper physique puisque joué uniquement avec les moyens du corps.
Olivier Briand ne s’essouffle pas. Le Saintois (de Saintes, ça ne s’invente pas) enchaîne les sorties, étonnantes, même si on suit son parcours depuis longtemps (depuis 1=0 donc). On avait déjà senti une envie d’aller vers la lumière avec Ali Veejay alors que 1=0 faisait plutôt le coup de poing dans les coins sombres. Ali Veejay dans « Giant Heart » va vers l’épure totale, se débarrasse de tous ses instruments pour ne garder que sa voix et son corps (et de quoi l’enregistrer). L’émule de Booba (en 2002) se fait beatmaster, joue des répétitions, des souffles, des multiples possibilités d’une voix pas décidée à se faire porter pâle.
C’est du rap détestostéronisé, du doo wop sans sucre ajouté, de l’electro naturaliste voire du ragga dub en antillo-français (“Accroche (hold on french)“). C’est à la fois vieux comme le monde et totalement nouveau, extrêmement frais. Plutôt que Pow Wow (“Le Chat“… oui, bon…), on y entend le Jonathan Richman qui rendait hommage aux Baltimores (sur son meilleur album, « Rockin’ Romance », en 1985)
Ali Veejay a un cœur gros comme ça, et une cage thoracique à l’avenant. C’est une musique pour l’âme, faite pour danser et onduler, conçue avec une énergie vraiment vibrante, une conception lo-fi dans ses moyens mais très attentive à sa réalisation. D’ailleurs point trop n’en faut : neuf minutes au compteur pour six morceaux, c’est idéal.
Avec l’aide de Johanna D.oo Wopée.
« Giant Heart » est sorti en CD et numérique le 26 août 2022.