Da Capo, le groupe mené par Alexandre Paugam, a sorti le 12 février dernier son septième album depuis 1995 et ses débuts sur le label Lithium. “Paradise” (Autruche Records / Inouïe Distribution) rassemble dix nouvelles chansons en anglais, intimistes ou plus énergiques, à l’écriture toujours exigeante. On y retrouve les arrangements panoramiques, les méandres mélodiques et la mélancolie lumineuse qui nous avaient déjà séduits sur les disques précédents. Et la pochette est comme toujours magnifique, ce qui ne gâche rien. Pour l’occasion, nous avons demandé à Alexandre de nous livrer quelques morceaux qu’il aime, à travers une playlist qui oscille entre rock, jazz et musique classique.
Nick Cave – “Fifteen Feet of Pure White Snow”
« J’ai toujours été un admirateur de Nick Cave, excepté sur ses derniers albums où l’influence de Warren Ellis prend trop de place selon moi. Je pense que “No More Shall We Part” est un album sous-estimé, et même que c’est son dernier grand disque. J’aurais pu choisir à peu près n’importe quelle chanson de ce disque que j’adore. »
Bernard Herrmann – B.O. “L’Aventure de Madame Muir” (thème principal)
« Bernard Herrmann est surtout connu pour ses collaborations avec Alfred Hitchcock, qui sont il est vrai extraordinaires. Mais il a composé de nombreuses autres musiques de film, dont certaines sont fantastiques. Ma préférée est celle de “L’Aventure de Madame Muir” de Mankiewicz : on y retrouve le génie mélodique et la mélancolie propres à Herrmann. »
Neil Young – “Love in Mind” (live 1971)
« Neil Young est l’une de mes grandes influences. J’adore cette chanson courte et plutôt méconnue qui se trouve sur l’album live “Time Fades Away” (1973). Elle condense son génie : grâce mélodique, simplicité et magie de la voix. »
Big Star – “Thirteen”
« Je suis un grand fan de ce groupe maudit (puis réhabilité sur le tard). Mon album préféré reste le “Third” mais j’ai choisi “Thirteen”, chanson figurant sur leur premier album. Exemple de parfaite symbiose entre la voix et la guitare d’accompagnement. Encore une fois, la simplicité paie. Très belle chanson. »
Gustav Mahler – Finale de la 8ème Symphonie
« Peut-être mon compositeur préféré. Celui du grand frisson. J’ai choisi le finale de la 8ème Symphonie qui est selon moi – et je pèse mes mots – l’un des plus beaux morceaux de l’histoire de la musique. A écouter et réécouter au casque (surtout les trois premières minutes qui sont bouleversantes). »
Billie Holiday – “All the Way”
« Cette chanson figure sur le dernier album enregistré par Billie Holiday, juste avant sa mort à 44 ans. C’est une voix unique dans l’histoire de la musique et les arrangements de cordes des derniers enregistrements apportent une émotion et un lyrisme inédits dans le jazz. Magnifique. »
Peter Hammill – “A Louse Is Not a Home”
« Musicien atypique et trop méconnu du rock anglais des années 70, encore très actif dans les décennies suivantes. Une de mes premières influences. J’aime beaucoup la richesse musicale de cette chanson et la violence rebelle (propre à cet artiste) de certains passages. »
The Kinks – “Lavender Hill”
« Pour moi, Ray Davies est l’un des plus grands mélodistes de la pop anglaise. J’ai choisi ce morceau splendide parmi toutes les raretés du groupe (faces B, chutes de studio..) Entre 1965 et 1970, je ne connais pas un compositeur plus prolifique et inspiré (les Beatles devant s’y mettre à plusieurs….). »
Beirut – “Cherbourg”
« J’aime beaucoup les deux premiers albums enregistrés par Zach Condon et ses musiciens. Ils ne ressemblent à rien d’autre, marque des artistes importants. Ce que je retiens chez ce groupe : le caractère festif enivrant et le souffle épique et romantique des chansons. »
J. S. Bach – Adagio BWV 564 interprété par György Sebök
« Sublimes transcriptions au piano des œuvres pour orgue de Bach par Busoni (qui était lui-même compositeur). Musique céleste intemporelle et inégalable. »
Robert Wyatt – “Little Red Riding Hood Hit the Road”
« Une chanson tirée du chef d’œuvre “Rock Bottom”. J’adore la pulsation obsessionnelle de ce morceau avec la trompette jazz de Mongezi Feza et la basse savamment décalée de Hugh Hopper. C’est une réussite musicale exceptionnelle. »
Chet Baker – “My Funny Valentine” (live 1988)
« Chet Baker a souvent interprété ce standard, et l’ultime version est sans doute la plus belle. Etirée sur prés de 9 minutes, elle est ici magnifiée par un orchestre symphonique et la voix fatiguée de Chet Baker y est bouleversante. Ma chanson d’île déserte. »
Le site du groupe est ici, son Bandcamp là.