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Disques

Fleet Foxes – Shore

Sorti en version numérique en septembre dernier, le nouvel album des Fleet Foxes débarque enfin dans les bacs. Shore renoue avec une simplicité pop-folk et permet au groupe, une fois encore, d’atteindre l’état de grâce.

Il n’aura fallu qu’un album, leur premier éponyme sorti en 2008, pour permettre aux Fleet Foxes de mener le peloton des groupes des « chevelus à barbe », aux côtés de Midlake ou Other Lives, pour ne citer que les plus connus. Un bijou qui n’a jamais quitté nos platines. Trois ans plus tard, Helplessness Blues venait enfoncer le clou. Avec des mélodies portées par des cuivres, des guitares à six ou douze cordes, des claviers, des cordes, des percus, des chœurs dans tous les sens, Fleet Foxes atteignait des sommets ù l’oxygène se fait rare. Puis Robin Pecknold, seul véritable maître à bord du collectif de Seattle, a voulu élever encore plus haut son « wall of sound ». En a résulté en 2017 le troisième long format du groupe, Crack-Up. Plus compliqué, hors des formats, plus aventureux, plus sérieux, plus de « tout » qui firent « trop » pour une partie des fans, pris de vertige ou pas assez patients pour assimiler ce nouvel album qui était pourtant bien un nouveau diamant.

Shore serait donc un peu le pendant de Crack-Up. L’un était complexe, celui-ci est plus simple. Crack-Up était sombre, Shore est lumineux et plein d’espoir. La preuve, après un troublant titre introductif, avec “Sunblind”, où Robin Pecknold chante la joie et la chance d’être vivant en rendant hommage à ses héros (nos héros ?) disparus : Elliott Smith, Arthur Russell, Jeff Buckley, Otis Redding, Curtis Mayfield, Jimi Hendrix et surtout David Berman, citant le merveilleux American Water des Silver Jews. Des sommets comme celui-ci, l’album en compte plusieurs. “Can I Believe You” est un tube en puissance, avec sa mélodie hors d’âge et donc indémodable, ses harmonies vocales et ses chœurs (on évoque une compilation de près de 500 voix de fans sollicités sur Instagram !) qui touchent au divin – Robin Pecknold enregistrera d’ailleurs une version dans une cathédrale pour la télé américaine.

Derrière la tristesse se cache l’espoir. Robin Pecknold remercie les disparus et dit la chance d’être vivant. Il salue aussi le courage des activistes derrière l’hommage au chanteur militant anti-Pinochet Victor Jara (“Jara”), torturé et tué pendant la dictature chilienne. Mélodiquement, c’est sublime. “Featherweight” ne jurerait pas sur “The Trials on Van Occupanther”, le chef-d’œuvre de Midlake. Si Robin Pecknold a coupé ses cheveux et rasé sa barbe, il n’a rien perdu de son talent à signer des chansons à la séduction immédiate. Jusqu’à la fin de l’album, qui donne la part belle aux cuivres pour notre plus grand bonheur.

Enregistré entre les Etats-Unis et Paris, sans les autres membres du groupe mais avec la participation de Daniel Rossen et Christopher Bear échappés de Grizzly Bear, le nouveau Fleet Foxes sonne juste et simple malgré des orchestrations riches et la multiplication des pistes. Généreux, sincère et sans fausse note, Shore se présente d’ores et déjà comme un futur classique.

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