Nous sommes à la fin de l’année 1991 et Stereolab vient de sortir son troisième EP. Mary Hansen n’a pas encore rejoint le groupe et Gina Morris accompagne Laetitia Sadier au chant. Stereolab tapisse déjà ses morceaux de sons d’orgue Farfisa, faisant doucement passer sa musique d’une twee-pop répétitive à une sorte de pop lounge, distordue et motorik. Le groupe continuera jusqu’en 2009, avant de se reformer il y a un an pour une série de concerts inoubliables. Aujourd’hui, l’écoute du second album de Peel Dream Magazine, le très situationniste “Agitprop Alterna”, nous permet de mesurer, une fois de plus, l’influence de Stereolab sur toute une jeunesse sonique. Une influence qui n’a cessé de grandir au cours de ces trente dernières années, soignant nos oreilles avec des mélodies pop parfaites.
Dès les premières notes de “Pill”, Peel Dream Magazine affiche ses références shoegaze et nous embarque dans une musique faite de guitares distordues, dronesques, perdues sous une montagne d’effets sonores. Les rythmes sont squelettiques, ils sont accompagnés de voix monotones et mélancoliques, comme perdues au fond du mix. On y perçoit quelques notes de Moog, comme pour mieux se rapprocher des harmonies modulaires de Stereolab, avec une préférence pour la période couverte par la compilation “Switch On”. Trente-neuf minutes plus tard, le disque se termine comme il avait commencé, avec un “Up and Up” hypnotique, construit sur deux accords de guitare répétitifs et rythmé par des blips-blips sortis de synthétiseurs que l’on suppose vintage. Une étrange ritournelle qui est venu s’incruster au fin fond de notre cerveau ces dernières semaines.
“Agitprop Alterna” affiche ses influences sans vergogne, à tel point qu’on se demande déjà comment le groupe s’en détachera par la suite. Creuseront-ils le sillon Stereolab pour accoucher d’un chef-d’œuvrede la trempe d’“Emperor Tomato Ketchup” ? Iront-ils chercher quelques expérimentations sonores du côté des regrettés Broadcast ? Tim Gane produira-t-il leur prochain disque ? Nous n’avons pas les réponses à ces questions, et peu importe finalement, on leur souhaite surtout de continuer d’explorer cette passionnante jeunesse sonique.