Eskimo – Que faire de son cœur ?

Auteure en 2016 d’un joli EP, “Dancing Shadows”, Eskimo avait fait naître de belles promesses au détour d’un univers que l’on découvrait singulier, dans le fond comme dans la forme, tortueux mais toujours accueillant. Le temps a passé, et c’est avec plaisir que l’on a découvert à la fin de l’hiver cet album au titre énigmatique. “Que faire de son cœur ?”, en voilà une question !

Si l’on devait deviner, sans doute pourrait-on déjà parier qu’Eskimo écoute le sien et donc ne fait que ce dont elle a réellement envie. Il en résulte un disque très riche, aux orchestrations foisonnantes. Ici du saz électrique, là un saxophone en liberté, des claviers qui ne sont jamais anodins, et un sens de la mélodie qui lui permet d’aborder avec beaucoup de naturel différents styles tout en gardant un fil conducteur.

Si l’on écoutait le rythme de ce cœur, on ne trouverait rien qui cloche : Eskimo est aussi à l’aise sur les titres les plus enlevés avec guitares (“Calvaire”, “Sirène”), qu’elle mène avec brio de sa voix joliment éraillée, que sur les plus mouvants “Apiar” ou “Elan”. Sur les pulsations faussement jazz de “A la recherche du soleil”, elle se montre tout aussi à son avantage, comme sur les rêveurs “Fragment Wall” ou “Marco M”. A chaque fois, Eskimo arrive à trouver la petite subtilité qui va rehausser la mélodie, les variations qui évitent la facilité, et même les changements de langue (japonais, coréen, en plus du français et de l’anglais) n’ont rien de gratuit. Derrière toutes ces petites audaces se dessine un vrai beau disque, l’œuvre d’une authentique artiste à l’univers très personnel. A la question qui l’anime, “Que faire de son cœur ?”, une réponse s’impose : l’écouter battre au fil de ce disque, à chaque écoute un peu plus fort.

1. Calvaire
2. Sirène
3. Hana
4. Apiar
5. Fragment Wall
6. Elan
7. Le cavalier
8. À la recherche du soleil
9. Marco M
10. Domi