Fond de tiroirs pas si mal : Molina capturé sur le vif en solo lors de sa période Magnolia Electric Co.
« Death sells! », anticipait Rob Reiner par la voix de Patrick McNee dans “Spinal Tap”. Secretly Canadian continue d’exploiter le filon des archives, immenses, de Jason Molina et de toucher le double banco. D’abord sorti au sein de l’abonnement de la Secretly Society (un nouveau Jens Lekman en duo avec Annika Norlin, “Correspondence”, est disponible dans cette série depuis quelques jours) en blue dream splash, voici enfin l’album en vinyle noir de base accessible à tous.
On touche à l’anecdotique avec ce document capturé lors d’une journée de pause de la tournée du Magnolia Electric Band. Mais voilà, une échappé en quasi-solo, devant une poignée de fans, français !, réunis par We Are Unique! Records et l’Atelier Idéal de La Chapelle avec l’aide de l’association Foutraque dans une chapelle de Toulouse en juin 2005, ça intrigue et titille l’oreille.
La voix hyper réverbérée, les chuchotements du public (« il va revenir… ») qui rappellent nos années pirates-Minidisc (y compris celle de la première tournée du Magnolia Electric Co, assoiffé et suant au premier rang de Mains d’Œuvres, à Saint-Ouen, et condamné au silence, le micro glissant dans la main….), tout cela ne laisse pas indifférent.
On apprécie cette reproduction du flyer mal branlé qui rappelle ceux que l’on a fait nous-mêmes à peu près au même moment et, notamment, pour le même artiste (sans la chance de réussir à monter le concert…).
Un palmier, “molinesque”, orne le fly et surtout un dessin griffonné au dos par Jason.
Documents d’époque et artefacts magiques.
Reste que, musicalement, on est sur la pente descendante. Les titres ne sont plus ce qu’ils étaient. Par exemple, “Hold on Magnolia” sort tout de suite du lot mais on le retrouve tel quel, tel qu’il était et sera. Ce titre flotte, pour toujours, en nous. Intouchable et éternel. Ou encore la conclusion : “I’ve Been Riding with the Ghost”, en version courte, comme sur la demo qui accompagnait le vinyle de l’album, avec un son à la fois chaud et dilué, des ralentissements bien venus, voix ascendante. Impeccable.
Après, on est toujours surpris de ces quelques titres qui arrivent à surnager dans les (moins bons) albums finaux et qu’on redécouvre sans cesse. “Montgomery” ou “In The Human World”, magnifiés dans leur naturel, extraits de la gangue du Magnolia Electric Co. qui retrouve cette puissance du Molina ascétique (celui du “Pyramid Electric Co”).
On sent le cœur, la passion, la chaleur, la joie de laisser porter sa voix dans ces quelques accords de guitares qui emplissent l’espace. C’est diablement Molina. Y compris dans les quelques incursions de trompette un peu mariachi sur les bords du diable Kapinus, qui sort de sa boîte à quelques occasions, inattendues, parfois boiteuses, sur “Nashville Moon” et “Leave the City”.
C’est cette redécouverte et la présence de titres plus rares (“Carmelita”, “East St Louis Blues”) qui sont les plus passionnantes et justifient de se laisser, une fois de plus, prendre au piège de la collectionnite.
Avec l’aide de Johanna D, ex-flyeuse de choc.
East St Louis Blues
Trouble in Mind
Seasons in the Minor Leagues
Carmelita
Montgomery
Hold On Magnolia
In the Human World
Bowery
Nashville Moon
Leave the City
I’ve Been Riding With the Ghost
Molina Live at La Chapelle est sorti chez Secretly Canadian le 3 février 2020.
PS : L’histoire du concert par ses protagonistes est désormais disponible sur le blog consacré à Jason et accessible ici.
Gerald
Hello! Merci pour cette belle chronique. Petit correctif : ce concert était surtout organisé par We Are Unique! Records (ex Unique records, label de Angil, Lunt, Michael Wookey, Raymonde Howard, Melatonine…) et l’atelier idéal de La Chapelle, de Toulouse, avec l’aide des amis de Foutraque.
Relisez les crédits du disque et vous vérifierez par vous même ces sources. Bien à vous.
Guillaume Delcourt
Corrigé ! Merci pour cette précision et, encore plus, pour avoir organisé ce concert de Molina.
Derrière le Live at La Chapelle de Jason Molina : les secrets du show. – POPnews
[…] le « Live at La Chapelle » de Jason Molina est sorti chez Secretly Canadian, on se désolait que l’histoire du concert […]