Dans la chronologie, 13 titres remarquables dans la discographie de Fiona Apple. En toute subjectivité !
La dithyrambe qui accompagne la sortie du cinquième album de Fiona Apple, “Fetch the Bolt Cutters” (c’est aussi le titre intrigant d’une des chansons, qu’on peut traduire par “Va chercher le coupe-boulons”), méritait qu’on le jauge à l’aune des œuvres précédentes. La rétrospective a révélé que “Tidal” (1996), son premier album sorti alors qu’elle n’avait pas 19 ans et qui se serait aujourd’hui vendu à plus de 4 millions d’exemplaires, demeure son plus accessible. Puis la chanteuse et pianiste américaine emprunte dès 1999 une voie plus inventive, baroque, arty et/ou cérébrale – c’est selon. En cultivant la rareté : cinq albums seulement en 24 ans.
Fiona Apple n’a jamais été une chanteuse pop. La mélodie l’intéresse, mais elle tourne les talons quand se profile le refrain facile. Dès “When the Pawn…” (1999), les rythmes et arrangements deviennent plus fouillés, quitte à renoncer à la fluidité. La combinaison de l’agilité vocale et du timbre grave, contralto, contribue à reléguer un piano parfois quelconque aux oubliettes.
“I Want You to Love Me” (2020) :
De “Extraordinary Machine” (2005) et “The Idler Wheel…” (2012), on ne retiendra finalement que deux titres par album. Avec une préférence quand Fiona Apple se fait plus “minimale”.
Arrive aujourd’hui “Fetch the Bolt Cutters” qui défraie les chroniques, en bien, et même en sommet indépassable – Pitchfork lui attribue la note maximum (10). Pour autant, il s’inscrit assez dans les partis pris que suit l’artiste depuis vingt ans : privilégier le lâcher prise et la forme inédite. “Fetch The Bolt Cutters” déroute, surprend, tout en réservant quelques clins d’œil à l’histoire de la musique aux Etats-Unis, du gospel au flow. Et Fiona Apple passe sans transition de l’intime au “politique” ; la marque des grands albums ? On saluerait volontiers la belle liberté de la chanteuse – dans la lignée de Björk, ou de Camille s’il fallait un équivalent local. Tout en déplorant le manque de titres attachants, de ces chansons qui s’insinuent, au creux de l’oreille.
# Nuage de chanteuses : Björk, Frida Hyvönen, Aimee Mann, Joanna Newsom, Regina Spektor…
Sullen Girl (1)
Shadowboxer (1)
Slow Like Honey (1)
Love Ridden (2)
Fast As You Can (2)
The Way Things Are (2)
Oh Well (3)
Red Red Red (3)
Valentine (4)
Anything We Want (4)
I Want You To Love Me (5)
Fetch The Bolt Cutters (5)
Ladies (5)
(1) “Tidal” (1996)
(2) “When The Pawn…” (1999)
(3) “Extraordinary Machine” (2005)
(4) “The Idler Wheel…” (2012)
(5) “Fetch The Bolt Cutters” (2020)