L’imprévisible Arto Lindsay se produira en solo le 15 mars à l’église Saint-Merry, à Paris, dans le cadre de Sonic Protest. Des implosions no wave de DNA, à la charnière des décennies 70 et 80, jusqu’aux albums sous inspiration brésilienne des dernières années, en passant par les Ambitious Lovers et une kyrielle de collaborations, le New-Yorkais n’a cessé de redéfinir les contours de sa pratique de chanteur, guitariste et compositeur. « We surprise ourselves ! », avait-il lâché après un morceau particulièrement débridé, lors de son dernier concert parisien (en groupe), il y a quelques mois. Une règle de vie et de jeu qui entre forcément en résonance avec la ligne directrice d’un festival versé dans les musiques brutes, improvisées, expérimentales – en un mot, surprenantes.
Nous avons proposé à Franq de Quengo, programmateur de Sonic Protest et fin connaisseur de l’œuvre d’Arto Lindsay, de réaliser une sélection de dix enregistrements studio ou live retraçant sa riche carrière, du plus harmonieux au plus extrême, et de les commenter en quelques phrases.
DNA – “You & You”
C’est par là que tout a commencé. La destruction du rock une fois pour toutes. Rafales de guitares distordues, pulsations rythmiques morbides. Gravats et déchets.
Arto Lindsay – “Simply Are”
Un extrait de la compilation “Encyclopedia of Arto” sortie en 2014, double CD présentant d’un côté une sélection made in Arto piochée dans ses albums solos, et de l’autre un enregistrement solo (justement) live et distordu.
Arto s’associe ici à Ruyichi Sakamoto et Melvin Gibbs (Rollins Band, etc.). La double ambiguïté rythmique et mélodique évoque instantanément un autre génie des musiques brésiliennes innovantes : Tom Zé.
Arto Lindsay – Extrait de concert à New York, le 12 mai 2016
Un bel exemple de ce qui nous attend le 15 mars : une leçon de guitare à faire fermer quelques boutiques à Pigalle, et un cours de bossa déglinguée.
Ambitious Lovers – “Copy Me”
Ambitious Lovers, le duo proto-cyber-funk d’Arto Lindsay et Peter Scherer, a sorti entre 1984 et 1991 trois albums, tous titrés d’après l’un des péchés capitaux. Voici un extrait du deuxième, “Greed” (1988). Ou l’infiltration d’un certain “guitarrorisme” dans la dance music des 80’s.
John Zorn, Yamatsuka Eye, & Arto Lindsay – Extrait de concert à la Knitting Factory de New York, le 5 janvier 1990
On parle souvent du jeu de guitare d’Arto mais il ne faut pas oublier son organe vocal, aussi à l’aise dans les mélopées suaves que dans les extrémités les plus inavouables. Combat de coqs avec le chanteur des Boredoms arbitré par John “encore écoutable” Zorn. Total Knitting Factory 90’s spirit.
Arto Lindsay Trio – “Absurd Children”
Melvin Gibbs bastonne sa basse et Dougie Bowne martèle le rythme. Le retour d’Arto au cœur de la no wave, une fois les 80’s digérées. De bruit et de fureur. Sorti en 1995 sur le label de la Knitting Factory, seule œuvre signée Arto Lindsay Trio, “Aggregates 1-26” est l’un de ses meilleurs disques.
The Golden Palominos : “Under the Cap”
John Zorn au saxophone alto et à la clarinette, Arto aux cris et cordes et David Moss (vous vous souvenez ? l’incroyable vocaliste de Denseland, Sonic Protest 2016) à la percussion arythmique. Premier album du supergroupe au line-up variable The Golden Palominos, sorti sur un label français (Celluloïd), à l’époque à la pointe de la növo wave.
Peter Scherer & Arto Lindsay – “Austere And Hungry”
Les deux lovers ambitieux collaborent une fois de plus à la fin des années 80 pour concocter la musique de “Pretty Ugly”, un ballet signé Amanda Miller. Le disque sort dans la série culte de musique instrumentale Made to Measure, réservée aux compositeurs, sur le label Crammed. Une autre facette d’un artiste décidément inclassable, et c’est tant mieux !
Jun Miyake and Arto Lindsay – “Alviverde”
Arto prête ici sa voix à son vieil ami Jun Miyake pour l’ouverture magistrale de son album “Stolen from Strangers”. Le Brésil, un jour, le futur toujours.
Arto Lindsay – “Arto Vs. Arto”
Arto contre lui même. Combat gagné d’avance. Extrait de son dernier album, “Cuidado Madame”, sorti l’an dernier. Au plus haut de sa forme. Un son de guitare inimitable et toujours aussi sauvage. A retrouver bientôt sur scène, donc !