Avec cet ultime disque, Piano Magic vient clore une discographie bien souvent passionnante et avec « Closure », assurément un de ses sommets.
On ne va pas se mentir. Piano Magic, on les avait un peu oubliés, la faute sans doute à une trop grande productivité de leur leader, Glen Johnson, productivité qui ne rimait pas toujours avec qualité. Pourtant, alors que le groupe a décidé de se disperser aux quatre vents, on prend conscience de tout le bien que Piano Magic a pu nous apporter au fil de ces vingt et quelques années. On y aura croisé un peu de ce que l’on aimait chez les Cocteau Twins, chez Durutti Column, on y aura découvert Klima, et John Grant en congé des Czars y aura trouvé un ponctuel refuge. Malgré cela, Piano Magic sera toujours resté un peu à la bordure des grands groupes, un petit grand groupe quelque part. Un peu comme L’Altra dans le même temps, ou encore The Apartments avant lui. Des artistes pertinents mais pas toujours au rendez-vous avec un plus large public.
Glen Johnson a donc décidé de saborder son projet. Le bien nommé « Closure »nous les fait déjà regretter, et au fur et à mesure que les titres distillent leur spleen pernicieux, on prend conscience que notre négligence a été bien injuste. Du titre en ouverture en trompe-l’œil à « Landline », on se croit transporté sur ces vieux navires à voiles avec des chants de marins qui regrettent leurs mésaventures à terre.
La musique de Piano Magic a toujours été clairement orientée vers les vagues froides des eighties, mais avec ce petit plus de maturité que n’avaient pas toujours les disques de paroxysme de nos adolescences. Il y a dans le caractère traînant, presque atone de la voix de Glen Johnson sur « Exile », comme un retour de flamme de Bernard Summer, quelque chose d’un groove maladif.
La musique de Piano Magic a toujours à faire avec les jeux sur les ombres comme sur « Living for Other People », tout en tension, ou encore ce « You Never Stop Loving (The One That You Loved) » proche de ce que Bill Pritchard pouvait nous proposer sur « Tommy and Co ».
On ne va pas se mentir, 2017 est à peine commencée mais l’on tient peut-être déjà avec le sublime « Attention to Life » le morceau de l’année. Co-écrit avec Peter Milton Walsh de The Apartments, ce titre sonne comme l’égal apport des divers protagonistes, un titre toujours sur le fil du frisson, de l’émotion à la fois contenue et explosée. Des trompettes comme le rappel de cette vie pleine d’au revoir…
On en vient à se dire que Piano Magic, avec cet adieu que constitue « Closer », se rappelle à nous de la plus belle des manières. Piano Magic est mort, vive Piano Magic ! Espérons maintenant que Glen Johnson nous revienne au plus vite avec la beauté de ses obscurités à décoder.